Fabrication d'un lazy bag

Je ne possède pas de machine à coudre professionnelle. En 2011, alors que nous étions à Raiatea en Polynésie Française,  nous avons investi dans une machine de marque Janome vendue 31995 CFP (268 euros) et qui, 11 ans plus tard, fonctionne toujours super bien !

Nous ne savions pas à ce moment-là que notre investissement serait à ce point amorti ! En effet, depuis que « Janome » a rejoint notre bord, elle a grandement participé à notre confort et à la protection de notre matériel. Elle a cousu :

  • la housse d’annexe
  • la capote de roof
  • les housses pour protéger le radar, le radeau de survie, le moteur hors-bord, la nourrice, le matériel de windsurf
  • toute la sellerie à plusieurs reprises
  • fait des retouches sur le grand taud
  • Reprisé la bordure et la chute de nos voiles (!!)
  • Fabriqué et même cousu les sangles pour le taud de devant
  • elle a bien sûr, c’était plus dans son domaine, cousu des robes, des shorts et autres fantaisies…

Bref, je ne compte plus les kilomètres de fil qui sont passés dans le chas de l’aiguille, ni les canettes bobinées efficacement. Janome est devenue une super copine et j’aime autant vous dire que j’en prends soin… même si je lui en demande vraiment beaucoup !

Alors oui, fabriquer soi-même un lazy bag, avec une machine à coudre classique, c’est possible !

Mode d'emploi pour fabriquer soi-même un lazy bag

Pour cela, il vous faut :

  • De la toile acrylique de type sunbrella
  • Du fil  de couture résistant aux UV
  • De bons ciseaux
  • Une règle grande et rigide
  • Un mètre ruban
  • Des épingles à couture bien solides

Il est possible d’utiliser du scotch double face si vous avez une machine compatible car la colle finit par salir l’aiguille et demande plus de puissance au moteur.

J’ai profité du ponton pour les découpes, tout le reste a été mis en place et cousu dans le cockpit de FIDJI heureusement assez grand.

Fabrication d'un lazy bag
Fabrication d'un lazy bag

Avant la réalisation de ce projet, j’ai bien observé notre vieux lazy et organisé ce que  j’allais faire. Puis j’ai pris mon courage à bras le corps et une fois partie dans l’aventure j’ai accordé tout mon temps à l’ouvrage.

Premier jour

Les coutures de l’ancien taud sont décousues. Relativement facile vu le travail en amont du soleil. Comme nous étions satisfaits de notre vieux lazy bag nous nous sommes donc servis de son modèle comme patron. Une fois décousu couture par couture, j’ai récupéré toutes les sangles encore belles et en bon état, ainsi que la ralingue  et les coulisseaux qui permettent  de maintenir le lazy sur la bôme.

Deuxième jour

On étale les morceaux  sur le ponton. Pat m’installe un taud provisoire afin que je puisse travailler le plus à l’ombre possible, ça c’est cool parce que ça cogne dur au printemps ici ! J’ai ensuite pris les mesures de chaque pièce en notant que les 2 côtés étaient identiques, j’avais donc 3 pièces de tissu à couper pour la réalisation du nouveau lazy : 2 côté et le dessus. Attention pendant la découpe à bien couper de manière symétrique chaque côté !

Troisième jour

Assemblage à l’identique de l’ancien modèle et première couture. Utiliser un fil toronné anti UV n’est pas un fil apprécié par la machine, il faut donc régler la tension du fil. J’utilise des aiguilles 16/100 pour les tissus les plus épais. Tester toujours la taille du fil et de l’aiguille utilisés sur une chute de tissus afin de parfaire les réglages.  Points utilisés : droit et zigzag.

Fabrication d'un lazy bag
Fabrication d'un lazy bag
Fabrication d'un lazy bag
Fabrication d'un lazy bag

Si la bobine de fil est grosse et ne tient pas à la place prévue, la poser derrière la machine et trouver le moyen de faire venir le fil par en haut en installant par exemple un cordage en travers du plafond afin que le fil passe par-dessus avant de prendre sa place. C’est important, sinon ça bloque.

Pour fixer l’extrémité de la couture, après quelques points en avant appuyer sur la touche arrière et coudre plusieurs points à l’envers. Bien surfiler (point zigzag) chaque morceau de tissus afin d’éviter qu’il ne se détisse.

Une fois les premières coutures effectuées, j’ai renforcé les parties les plus fragiles qui avaient été repérées les plus abîmées sur l’ancien lazy.

Quatrième jour

Montage des housses de lattes …. C’est long et fastidieux, il ne faut pas aller trop vite et ne pas hésiter à faufiler pour être sûr du résultat. Le passage des lattes demandaient à  être bien étudié. L’ordre dans lequel il fallait faire les coutures était important, car une fois terminées s’il y a une erreur,  on ne peut  la rattraper qu’en défaisant… Et ce n’est ni marrant, ni facile.

D’où l’importance de bien noter en amont tout ce que l’on va faire, ou de  photographier ce qui nous semble important de ne pas oublier lorsque l’on démonte ou découd quelque chose, voire de le filmer. C’est sûrement ces coutures qui ont demandé le plus d’effort à la machine. Et qui m’ont entendu pousser de gros soupirs…

Fabrication d'un lazy bag
Fabrication d'un lazy bag

Cinquième jour

Finition et mise en place pour un essai puis à nouveau on ramène l’ouvrage dans le cockpit pour les dernières améliorations.

Montage final

Au final, au matin du 6ème jour, nous montons définitivement le nouveau lazy-bag, et là c’est la joie !!!!! Yes yes yes, c’est fini et en plus c’est pas mal du tout !

Je n’ai pas calculé le temps de travail quotidien mais je ne pense pas avoir excédé 6h par jour ce qui fait une réalisation en une trentaine d’heures.

Aaah !  la satisfaction d’un travail accompli et réussi !!! Ça vaut de l’or !!!!

Le souci dans ce travail est que le tissu acrylique et le revêtement hydrofuge qu’il a sur sa surface est assez urticant. Lorsque nous le coupons, il génère une poussière désagréable, qui s’envole à chaque manipulation et vient se coller sur une peau trempée de sueur. Il fait évidemment entre 30 et 35°C à Koumac pendant ce chantier.

Alors je dois travailler dans un endroit bien aéré. À Koumac, le ventilo naturel d’Éole se met en route en milieu de matinée et s’éteint en début de nuit. C’est déjà ça !

Attention : Le tissu acrylique ne tolère pas le frottement. Évitez de laisser une drisse ou tout objet agressif frotter sur le tissu. Et notez bien que les Lazy jacks ne sont pas là pour remplacer une balancine. Trop sollicités, ils pourraient déchirer les coutures du lazy bag.

En tout cas, même si ce chantier est assez délicat, il est loin d’être inaccessible, avec de la patience et du courage, c’est tout à fait faisable (la preuve). Je vous encourage donc à vous lancer !

Isabelle Verdier – Belliot

Mata’i Nautisme

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