C’est la deuxième fois que je m’y colle ! Et je vais vous dire, ce chantier n’est pas simple, il faut déjà de bonnes connaissances en couture avant de se lancer là-dedans !
En tout cas cette fois, avant de m’y mettre, j’ai eu la chance d’en parler avec ma copine de route océanique, Laurence. Nous nous sommes retrouvées l’été dernier en Bretagne, …on finit toujours par se retrouver quelque part !
Lolo, la couture, elle connait ! Et ses conseils sont une mine d’or ! Alors un grand MERCI ma Lolo ! Ce fut presque un jeu d’enfant grâce à toi !!!
Au passage, notez que je n’hésite pas à me former en ligne, les blogs de couture, pleins d’informations intéressantes et multiples tutoriels ne manquent pas, je vous invite par exemple à visiter Couture et paillettes et Bulles de créativité.
Encore une fois, la réalisation d’une capote de roof pour voilier n’est pas un travail de débutant. Dans un premier temps, il vaut mieux apprendre à coudre, ces blogs permettent un excellent apprentissage.
La machine à coudre
Je ne possède toujours pas de machine à coudre professionnelle. C’est toujours ma « vieille » Janome (nom de la marque japonaise) qui m’accompagne ! Quelle machine ! Elle est incroyable, rien ne lui résiste et on dirait qu’elle prend plaisir à piquer les toiles les plus épaisses.
Nous l’avons acquise en 2011 à Raiatea, île sous le vent de Polynésie, dans un magasin de Uturoa, au prix de 31995 CFP (268 Euros) !
D’ailleurs, comme vous le verrez sur la photo, l’étiquette est toujours dessus !
Aujourd’hui, on peut dire que ce fut un investissement « intelligent », particulièrement rentable. En effet, depuis que « Janome » a rejoint notre bord, elle a grandement participé à l’amélioration de notre confort et à la protection de notre matériel.
Elle a cousu la housse d’annexe et toute la sellerie à plusieurs reprises. Elle a assemblé avec ténacité le lazy bag (voir l’article sur la fabrication du lazy bag), fabriqué les divers grands et petits tauds et cousu moultes sangles et fermetures éclairs un peu partout…
Elle a même cousu des robes, des shorts et autres fantaisies comme des sacs de courses que j’offre avec plaisir autour de moi, ce qui est normalement plus de sa partie.
Je ne compte plus les kilomètres de fil qui sont passés dans le chas de ses aiguilles (en effet, celles-ci cassent de temps en temps…), ni les canettes bobinées efficacement.
Janome, c’est ma copine et j’aime autant vous dire que j’en prends soin… même si je lui en demande vraiment beaucoup !
Le calcul du métrage
Dans un premier temps, il est impératif de prendre toutes les mesures et de poser les dessins des pièces sur une feuille de papier en réduisant l’échelle afin de définir le métrage nécessaire des matériaux.
Il faut bien tenir compte de la largeur de tissu proposé et en cas de doute sur votre commande, n’hésitez pas à en parler avec le vendeur qui saura (du moins « devrait savoir », c’est son métier) vous guider pour ne pas gaspiller.
Les matériaux
Le tissu - Du Sunbrella !
Il est primordial de choisir, pour ce genre d’ouvrage comme pour tous les ouvrages utilisés en extérieur à bord d’un bâteau, un tissu qui va vraiment durer dans le temps, et résister aux agressions conjuguées du soleil, du vent et du sel.
Fabriquer une capote de roof est un travail long et fastidieux, donc autant le faire pour qu’il résiste des années ! Je vous conseille donc de faire vraiment attention à la qualité du tissu que vous achetez. Le plus sûr, c’est d’utiliser du Sunbrella Dickson , de notre côté nous achetons le « Sunbrella Plus » , d’excellente qualité.
Faîtes attention aux contre façons !
Le prix du véritable Sunbrella Plus monte facilement à 60 euros le mètres linéaire. C’est la toile idéale pour la fabrication des tauds de soleil, lazy bags, capotes et autres protections solaires nécessaires à bord, surtout dans les pays où les rayons solaires sont friands de dégrader tout ce qu’ils « lèchent ».
C’est un tissu d’extérieur en acrylique teint dans la masse, ce qui signifie que le fil est teint dans la masse, créé en ajoutant un colorant au polymère fondu lors du filage.
Les fibres et des filaments sont entièrement imprégnés de pigment sortant des filières en une seule étape.
Cette technique offre une solidité des couleurs exceptionnelle et évite la différence entre les lots de teinture, mais vous pouvez également imaginer combien de pollution par l’eau et les colorants sont évités en choisissant le tissu teint ainsi. Ce qui n’est pas des moindres à prendre en compte !
La couleur tient donc très longtemps dans le temps et ni les rayons solaires, ni les embruns n’affaiblissent trop vite le tissu.
Pour finir, comme ils le disent eux-même : « Sunbrella Plus résiste aux moisissures et reste facile d’entretien grâce à son enduction antifongique à base de résines qui assure son imperméabilité ».
Nous n’avons pas d’action chez eux, mais quand on trouve un produit d’une telle qualité, on se fait un plaisir de le mettre en avant.
Du « cristal » (plexi souple 100% PVC)
C’est ce qu’il vous faut pour les fenêtres de la capote !
Celui que j’utilise fait 1mm d’épaisseur. Pour coudre cette matière, je graisse très légèrement le cristal à l’endroit de la couture avec de la vaseline. Ainsi le pied de biche de la machine laisse glisser le cristal. Il suffit ensuite d’essuyer le pied de biche et l’aiguille pour passer à un autre ouvrage et ne pas risquer de le tacher.
Le Sunbrella se trouve sur la griffe d’entrainement, le cristal au-dessus. On ne peut pas coudre du cristal directement sur la griffe d’entrainement, ça le raye et de toutes façons ça bloque. Alors pour y arriver, je mets du papier sulfurisé entre le cristal et la griffe d’entrainement, comme sur la photo ci-dessous, lors du surpiquage du cadre en Sunbrella.
Les fermetures éclairs
Je choisis des fermetures en plastique injecté 9mm. Elles sont d’une grande solidité et d’une bonne tenue. Les mailles sont moulées à dents larges et supportent bien les intempéries , parfait pour l’équipement nautique ! Je les prends au mètre, ainsi pas de souci de taille et n’oublie pas les curseurs nécessaires.
Par exemple, si j’ai besoin d’une fermeture de 78 cm, une autre de 43 cm et une troisième de 17 cm, et bien je prends 138 cm + 10 cm de marge, donc 148cm de fermeture et 3 curseurs en plastique là encore car ils sont anti-corrosion.
La couture d’une fermeture demande un peu de pratique. Il faut bien prévoir la largeur de la glissière dans la mesure.
Le fil
Là, il ne faut pas se tromper, car j’utilise une machine de maison ! Donc le fil ne doit pas être trop gros, sinon il se détoronne et la couture devient un enfer.
Ce fil de couture doit être résistant aux UV et donc adapté à la machine. J’ai utilisé pour cet ouvrage un fil à coudre de plein air 60. Grâce à son traitement anti-UV, vous pourrez coudre sans soucis pour l’extérieur. C’est un fil industriel résistant mais fin.
À noter : Si la bobine de fil est grosse, la poser derrière la machine et trouver le moyen de faire venir le fil par en haut en installant par exemple un cordage en travers du plafond afin que le fil passe par-dessus avant de prendre sa place. Je le fais passer par la main courante fixée au-dessus de la table du carré. C’est important. La bobine ne tournant pas il faut que le fil se libère par le haut afin de pas bloquer la couture.
Notez comme le fil part de la bobine vers le haut, il passe simplement autour de la main courante avant de revenir vers la machine
Les aiguilles
Il vous faut les plus solides ! Celles prévues pour les toiles les plus épaisses comme le jean.
Les ciseaux
Ce sont vos ciseaux ! Vos ciseaux à vous seul, couturière ou couturier et interdiction de s’en servir pour autre chose que la couture ! Je ne les ai pas encore mis dans un coffre-fort, mais mon tiroir à couture est interdit à la bricole !
Ces ciseaux sont prévus pour la découpe du tissu, uniquement du tissu ! Et quel bonheur quand la découpe se fait quasiment toute seule !! Donc prenez soin de vos ciseaux, ils se gardent à vie si vous y faites attention ! J’en veux pour preuve les ciseaux de Mamie Pierrette que j’utilise toujours avec autant de plaisir au Pouliguen et qui doivent bien avoir plus de 60 ans !
Une grande règle bien rigide et un mètre ruban
Vous pouvez vous fabriquer une règle avec une latte de bois, ou un tasseau par exemple. Entre 1m et 1m50, c’est déjà pas mal. C’est pratique pour tracer de belles longueurs. Et pour les mesures, il vous faut un mètre ruban ou un mètre automatique
Une craie à tissus
Pour dessiner les morceaux c’est ce qu’il y a de plus pratique.
Des épingles à couture
…bien solides ! Ainsi que des aiguilles à coudre fines mais résistantes pour faufiler certains morceaux et un dé pour bien se protéger le doigt et avoir la force nécessaire à la poussée de l’aiguille !
Des boutons de fixation
Nous utilisons des boutons Tenax, supers pratiques pour fixer le bas de la capote sur le pont.
Récupération sur l’ancienne capote
J’ai récupéré tout ce qui était récupérable sur notre ancienne capote… Pas grand-chose en fait, mais quand même la longue fermeture éclair qui retient l’arceau de devant et une des fermetures du plexi central. C’est vous dire à quel point elles sont solides ces fermetures !
Et les fabuleux boutons Tenax ! Merveille de durabilité ! et d’efficacité !
Et c’est tout… Le reste était bien cramé par le soleil.
Points employés avec la machine à coudre
Points employés : droit le plus large proposé par la machine pour toutes les coutures apparentes.
Points zigzag pour surfiler le bord du tissu afin qu’il ne s’effiloche pas, à moins que vous ayez une surjeteuse ?!
Démarrer toujours les coutures par quelques points en arrière avant de lancer la machine en avant, ça permet d’arrêter la couture.
Il est possible d’utiliser du scotch double face pour assembler les morceaux mais le revêtement sur le Sunbrella ne colle pas vraiment bien (en tout cas sur le scotch double face que nous avons à bord).
Le patron
Patrick et moi avons préparé le patron ensemble en utilisant une toile blanche. J’aurais préféré du film plastique tel que celui qui enveloppe les matelas par exemple, mais n’en ai pas trouvé. Le patron était magnifique mais inutilisable !
En effet, nous l’avons trop tendu en le posant, les morceaux étaient déformés et n’avaient plus la bonne taille pour jouer leur rôle de patron… Bon, ça peut arriver avec les amateurs dans notre genre.
Du coup on a posé directement le Sunbrella sur les arceaux après avoir mis du scotch double face sur le milieu de chaque arceau. Là, ça a bien fonctionné, les morceaux dessinés directement à la craie et la découpe à suivre fut facile !
N’oubliez pas de prévoir 1cm ou 1.5cm (comme vous préférez) de plus pour les ourlets et les coutures de liaison. Et attention, c’est galère d’enlever ensuite le scotch des arceaux… car on ne pouvait pas les y laisser, le tissus une fois cousu ne glissait pas à sa place s’accrochant au scotch…
J’ai profité du ponton pour les découpes, tout le reste a été mis en place et cousu sur Fidji, dans le cockpit ou le carré (le vent est parfois insoutenable dans cette région du monde).
Je me suis servi des anciens cristals pour la découpe des nouveaux. Attention, ils se rayent très facilement, prenez soin de bien les protéger, par exemple en les posant sur un drap ou une nappe.
Assemblage
Une fois les morceaux découpés il faut prendre le temps de les ajuster. C’est fastidieux et on n’est pas trop de deux pour y parvenir.
J’ai dû faufiler par endroit pour que ça tienne et résiste aux colères d’Eole.
Nous avons posé les boutons Tenax en premier, ça nous permettait de tenir l’avant de la capote.
Une fois la partie avant bien ajustée, c’est le moment d’insérer les fenêtres !
Ce qui est super important à savoir :
Lors de la confectionne de ma première capote, 10 ans auparavant, j’ai essayé d’insérer les fenêtres de cristal dans des cadres prédécoupés de Sunbrella. J’ai cru devenir folle.
En effet, même si les mesures sont parfaites, que l’on a utilisé l’ancienne capote pour avoir une précision au millimètre dans les morceaux, cela ne fonctionne pas : C’est impossible.
En effet, le cadre en Sunbrella bouge, on se retrouve avec une couture ratée, des cristals plissés, c’est vraiment très énervant.
La solution consiste en fait à …. coudre les plexis (le cristal) directement sur la toile, puis à découper le Sunbrella seulement ensuite, en gardant de quoi faire l’ourlet du cadre bien sûr !
Évidemment, étant donné le prix du Sunbrella, se retrouver avec des chutes de cette taille n’est pas à priori très efficace. Mais c’est la seule solution, et ces chutes pourront toujours servir à autre chose. Par exemple, des housses pour les winches, pour les antennes GPS, pour les hublots, ou même pour les feux de navigation.
En tout cas, cette méthode est magique, tout se met en place parfaitement, quel bonheur ! Cette astuce, qui m’a été donnée par ma copine Lolo, m’a changée la vie ! Merci lolo !
Nous avons fait beaucoup d’essayages avant de parvenir au résultat final , mais quelle satisfaction quand c’est fini !!! Une semaine de travail
Attention : Le tissu acrylique ne tolère pas le frottement. Prévoir des renforts sur les parties qui pourraient être sensibles…
Au final, combien ça coûte ?
Pour le Sunbrella, comme écrit plus haut, il faut compter minimum 60 euros le mètre linéaire (avec une largeur standard de 137 cm chez Dickson, mais existant aussi en 152 cm (c’est ce que nous avions) chez Tissens). Pour une meilleure étanchéité, il faut prendre du « SUNBRELLA PLUS », pas du Sunbrella tout court.
À moins que vous ne viviez à proximité d’un magasin et que se fournir en tissu soit facile pour vous, une fois que vous avez trouvé un fournisseur qui vous vend du vrai Sunbrella, il ne faut pas hésiter à lui prendre ce qu’il vous faudra pour plusieurs chantiers / plusieurs années.
De notre côté, ces dix dernières années, nous avons fait trois commandes parce que nous n’avions pas seulement la capote de roof à refaire. Il faut aussi du Sunbrella pour le lazy bag, la housse d’annexe, pour se confectionner un solide taud de cockpit, ainsi qu’un taud au dessus du hublot de la cabine avant (qui permet de protéger le pont du soleil et de laisser le capot ouvert quand il pleut).
Sans oublier quelques housses et protections diverses, en particulier pour les capots de pont et les winches, les bidons, la nourrice de l’annexe, le radeau de survie, le guindeau…
Pour une capote de roof comme la nôtre, il faut compter environ 4 mètres linéaires (en largeur 152cm), environ 250 – 300 Euros.
Vous trouverez du tissu PVC Cristal entre 20 et 30 euros le mètre ou vendu au rouleau ce qui peut être plus intéressant (voir par ici chez Tissens)… Comptez environ 3 mètres pour une capote comme la notre, soit une centaine d’Euros.
Le fil à coudre « de plein air » 60 (il doit résister aux UV !) utilisé est à 5 ou 6 euros la bobine. Attention, il doit être compatible avec le chas des aiguilles de machine, trop épais, il se détoronne et bloque au niveau du chas.
Les fermetures à glissière sont à 6 euros le mètre et les curseurs à 0.50 centimes pièce.
Les aiguilles de la machine doivent être des 100 ou 120, dans les 3.50 euros les 5.
Il vous faudra des épingles à coutures, environ 6 euros la boîte (mais les « magiques spécial quilting » sont à 15.00 euros les 50 et elles sont plus solides, cela dit c’est un peu cher à mon goût).
Ensuite, si vous utilisez des « boutons Tenax » pour la fixer, il faut compter 20 euros les 50.
Donc, de notre côté, nous estimons que notre capote de roof, pour un chantier terminé en 5 jours avec du matos de top qualité, nous est revenu à environ 600 euros.
Je vous souhaite plein de courage et de réussite dans la confection de la capote de roof de votre voilier. C’est un véritable chantier, assez complexe, mais quel bonheur une fois que c’est fait !
À bientôt !
Isabelle Verdier – Belliot