Nous sommes bien arrivés à Albany ! QUEL BONHEUR !
Après deux mois de vadrouille et environ 1600 MN parcourus depuis Adélaïde (un peu moins de 3000 kilomètres), enfin on se pose vraiment, et on se détend bien comme il faut.
Nous en avions grand besoin.
Je rédige ces lignes depuis « Albany Waterfront Marina », un chouette port aux installations récentes, proche de toutes les commodités que nous offre cette petite ville de 40000 habitants.
Albany Waterfront Marina
Le trajet depuis Streaky bay
Depuis Streaky bay et notre dernier article de blog, cela n’a pas été toujours facile à bord de FIDJI. On s’y attendait un peu, mais tout de même, on se serait bien épargné quelques moments éprouvants, essentiellement liés à l’état de la mer.
Ce n’est pas faute d’avoir pris le temps d’attendre le bon moment, et en particulier que le vent tourne dans le bon sens.
Il l’était, dans le bon sens.
Mais l’état de la mer, vraiment très agitée, a rendu ce voyage pénible physiquement et moralement.
Une vaste zone de navigation !
Heureusement, une fois de plus, que FIDJI est un bon voilier bien équipé et bien préparé, car il vaut mieux ne pas avoir de problème quand le bateau est ainsi secoué (la moindre tâche est une galère et représente un gros effort).
Pour tout vous dire, j’ai même eu le mal de mer, ce qui ne m’était pas arrivé depuis plus de 20 ans ! Isabelle en a souffert elle aussi, mais ce qui fut bien pire pour elle, ce fut son dos, qui l’a beaucoup fait souffrir. Elle a dû rester allongée presque tout le temps, et ne se levait que pour m’aider à gérer la manipulation du tangon.
Arrivée à Daw Island – Hâte que ça se calme !
Au milieu de « the Great Australian Bight » nous étions très isolés, avec aucun autre navire à moins de 2 ou 3 jours de navigation.
La mer est assez grosse et croisée à cet endroit, avec une houle primaire de sud-ouest, et une houle secondaire de sud-est, donc à 90° de la première. Les deux n’ont évidemment ni la même taille, ni la même période.
Pour nous, ce fut vraiment agité, donc très fatigant.
Nous avons eu un temps gris, parfois pluvieux, et frais. Et le moment le plus angoissant a duré environ 24 heures, parce qu’il y avait des orages un peu partout autour de nous. Même sans être pile dessous, on se sent tout petit, et loin de tout si la foudre venait à nous jouer des tours.
Nous avons vu à quel point la météo peut être radicale dans la région, en particulier avec de violentes variations de températures. Du coup, on imagine les importantes frictions entre ces différentes masses d’air…nous n’avons aucune envie de voir ce que pourrait donner un orage local s’il venait à se déchainer sur nous.
Pourquoi s’infliger une telle galère ?
Par moment nous en avions vraiment ras le bol, à se demander encore une fois « qu’est-ce qu’on fout là » ?
Heureusement qu’on s’aime fort et qu’on se soutient mutuellement, qu’on en parle, qu’on s’écoute et qu’on se comprend, sinon, ce ne serait juste pas possible.
Bien sûr, ce n’est pas la première fois.
Nous repensons évidemment à ce départ de l’île Coco, voilà déjà 14 ans, qui fut si difficile pour nous. À cette traversée entre les Marquises et les Tuamotu, quand une vague a éclaté notre capote de roof, et à la fois, début 2016, où la mer et le vent nous ont contraints à abandonner à mi-chemin notre traversée pour la Nouvelle Zélande. Nous repensons aussi bien sûr à cette traversée de fin 2022 entre la Nouvelle Calédonie et l’Australie, dont les trois derniers jours furent si durs également.
En prenant du recul vis-à-vis de ces quelques galères, nous avons progressivement pris conscience qu’il fallait en quelque sorte les vivre et les surmonter pour pouvoir vivre ensuite toutes les incroyables choses que nous avons vécus.
Parce que nous l’avons fait.
Arrivée à Investigator Island – (pas vraiment comme nous l’avions rêvée)
Nous sommes franchement sortis de notre « ZONE DE CONFORT » (c’est le moins que l’on puisse dire).
Et ce que je trouve vraiment incroyable depuis le début de notre voyage, donc depuis 16 ans, c’est à quel point la vie (« l’univers » comme le dirait notre copain Jacques) nous le rend au centuple !
Bref nous avons bien compris qu’après la pluie vient le beau temps. Que c’est parfois dur, mais qu’il faut serrer les dents.
C’est cela, vivre intensément et assumer ses choix.
Mais quand même, qu’il est grand ce pays !
Bénédiction du matériel
Alors nous bénissons le matériel qui fonctionne parfaitement.
En particulier, comme à chaque traversée, Antoine notre régulateur d’allure qui barre toujours aussi bien sans consommer le moindre ampère.
Et quel bonheur d’utiliser STARLINK, notre nouvel « équipier » qui fonctionne lui aussi parfaitement ! L’accès à internet me permet de suivre en temps réel les images satellites et RADAR du service météorologique Australien, et me permet d’utiliser la cartographie sur fond d’images satellites proposée par Navionics. Je peux également communiquer avec mon pote Matthew qui nous suit de très près depuis Adelaïde. Il veille sur nous, je le sais et ça fait du bien.
Bien sûr, la famille est contente de savoir où nous nous trouvons, et les clients de mes cours en ligne ne subissent aucune interruption à ma prestation, je continue à les suivre et à répondre à leurs questions, comme si de rien n’était.
Nous nous alimentons très bien, en particulier grâce à nos Tactical Foodpack, c’est vraiment génial ce truc, sans ça nous n’aurions fait que grignoter des biscuits ou autres raisins et abricots secs, car cuisiner aurait été vraiment trop pénible dans ces conditions.
On ne dirait vraiment pas comme ça, mais Tactical Foodpack c’est très bon et ça fait un bien fou !
Les escales en chemin
Toutes les escales ne se valaient pas. Même si certaines étaient juste sensées nous permettre de dormir, ce ne fut pas toujours possible, comme par exemple à St Francis island , où le roulis nous a empêché de dormir au point de nous infliger une nuit presque blanche.
Chaque escale mériterait minimum quelques mots, mais il y en a tellement…Après St Francis nous avons été à Ceduna, Daw Island, Arid bay, Cape le Grand, Esperance, Investigator Island, Doughtful Islands bay, puis Bremer bay…
À Esperance, nous avons rencontré un petit groupe de voyageurs Français, que nous avons invité à bord pour faire connaissance, un super moment !
Une super chouette rencontre à Esperance avec Enzo, Lorine et Lucas !
Bref, nous espérons bien compléter nos carnets de voyage pour vous en dire plus, mais voilà, il y a tellement de choses à raconter, comme par exemple pourquoi il y a autant de noms Français, « Cape le Grand », … mais surtout « Esperance » et « Archipel de la Recherche » !
Il faudra prendre le temps ! En attendant voici quelques photos !
Une otarie vraiment très curieuse à Daw Island
Nous longeons les côtes dans l’archipel de la Recherche
Un matin à Cape le Grand
The Whale Tail Sculpture à Esperance
Arrivée à Albany
Pour notre dernière étape, de Bremer bay à Albany (une « petite » navigation d’environ 90 MN (170 km)), nous avons enfin eu une chouette météo. Une mer agitée, mais beaucoup moins que dans le « Bight », un bon petit vent portant, du soleil…Bref, cette navigation tranquille nous fait déjà beaucoup de bien.
Nous arrivons de nuit, vers 23h00, dans une baie très abritée, Princess Royal Harbour. Aucune houle ne peut pénétrer dans un tel abri, nous jetons l’ancre dans un calme plat, tout près de la marina, au pied d’un bâtiment à l’architecture moderne sur lequel est inscrit « ALBANY ENTERTAINMENT CENTER ».
Nous trinquons, avons le sentiment d’avoir terminé, réussi quelque chose de très important pour nous.
Arriver à Albany, c’est déjà un aboutissement.
Même si ce n’était pas vraiment prévu comme ça (il nous restait une dernière étape à effectuer), nous avons tout de suite l’impression d’être arrivés à bon port.
Car ça a l’air top ici. Au réveil, nous sommes surpris par le relief et la verdure, nous sommes dimanche 17 mars 2024, c’est ma fête !
Nous levons l’ancre et comme convenu avec le « Departement of Transport » allons nous amarrer au ponton dans la marina.
Une vraie douche, c’est quand même le pied ! Et juste à la sortie du ponton, c’est le marché, comme tous les dimanches, super sympa.
Arrivée à Albany
FIDJI à Albany
La marina vue depuis les hauteurs
Albany et Princess Royal Harbour
La Guiness est aussi bonne qu’en Irlande !
On découvre, on se balade, on est emballé. À « Due South », le coucher de soleil est superbe et oui, la Guiness est aussi bonne qu’en Irlande, c’est vous dire !
Dans la semaine, Isabelle se fait masser par un excellent kiné, qui libère son dos crispé à bloc, en deux séances.
Nous louons une voiture, et partons à la découverte du coin.
Nous sommes sincèrement émerveillés par le nombre et la qualité des choses à voir et à visiter en seulement quelques minutes de voiture.
Des plages multiples et très différentes les unes des autres, des falaises vertigineuses (à couper le souffle), de la forêt, des plans d’eau fermés, des rivières, mais aussi des musées… La richesse de l’endroit nous surprend, la douceur de vivre, la sympathie des habitants, l’accent mis sur la culture et l’histoire, les services proposés, le tourisme, les activités de loisir, les multiples chemins de randonnés, pistes cyclables, etc.…
Et l’océan a une couleur, et une clarté vraiment superbe !
Albany Sandpatch Beachstairs, à couper le souffle !
Nanarup Beach
Greens pool
Kalgan River
Il y a des panneaux d’affichage absolument partout ! Ils nous expliquent une foule de choses intéressantes, relatant tel ou tel évènement récent ou historique, nous racontant la faune ou la flore (les baleines passent par ici tous les hivers), les légendes ancestrales des peuples aborigènes (ces contrées sont habitées depuis plus de 20000 ans), les premiers colons, les premiers explorateurs, les navires remarquables passés par ici, les chasseurs de baleine, les phares, etc…
Cela donne vraiment l’impression que la ville a cette envie de partager, d’apprendre, de transmettre, de se développer dans le bon sens…
C’est une ville touristique, accueillante, en pleine expansion et ça se voit !
Et on apprécie particulièrement les multiples infrastructures faîtes pour nous faciliter la vie, nous permettre de nous balader facilement un peu partout, de pouvoir grimper sur tous les sommets et de nous balader autour de toutes les collines !
Des dizaines de kilomètres de pistes cyclables et de chemins de randonnés (dont un des plus longs du monde (« Bibbulmun track », 1000 kilomètres !).
Voilà, ça c’est une piste cyclable !
Quelques infos sur Nicolas Baudin, qu’Isabelle aime à imaginer comme son cousin…
…parce qu’il est né à Saint Martin de Ré !
L’importance du souvenir
À Albany, il y a également beaucoup de monuments rappelant les conflits mondiaux et l’engagement des Australiens et Néozélandais qui sont allés se faire tuer ou mutiler loin de chez eux, en particulier à la bataille des Dardanelles (appelée Gallipoli ici), une boucherie de la première guerre mondiale qui fit des dizaines de milliers de victimes.
Albany, en tant qu’abri naturel exceptionnel pour les navires, a également été le lieu de rassemblement et d’embarquement des convois en partance pour l’Europe, pour que les troupes australiennes aillent se battre au côté des alliés lors de la seconde guerre mondiale. Ils furent près d’un million à faire le voyage !
Cela a laissé des traces profondes, et ils ont manifestement décidé que s’en souvenir était très important.
Mais il y a aussi, sur les bâtiments les plus anciens, toujours une plaque pour nous expliquer quand il a été construit, qui l’a financé, à quoi il a servi, qui y a vécu, etc.…Et beaucoup de lieux, y compris des sentiers de randonnées comme le « Luke Pen Walk », prennent des noms de personnalités qui nous sont inconnues, ce qui éveille notre curiosité…
On se cultive, donc. Et on aime ça !
Visite de l’ANZAC National Museum
Visite de la réplique de l’Amity, le navire des tous premiers colons de cette région
L’Amity est arrivé en 1826 avec un équipage de 60 personnes.
Ils ont fondé Albany, la plus « ancienne » ville de l’ouest de l’Australie.
Les plans sont faits pour être adaptés
Vous l’aurez compris, tout ce qu’on découvre ici nous plait énormément. Au point que…(vous nous voyez venir)…nous commençons à nous demander sérieusement si nous avons vraiment envie de repartir.
Certes, rester ici aurait un impact important pour la suite, car nous avions envisagé de traverser l’océan Indien pour rapprocher FIDJI de l’Europe fin 2024. Mais vu l’ambiance qui y règne et vu la situation en mer rouge, on se pose vraiment la question de savoir si on est vraiment pressé de se rapprocher.
Se poser la question, c’est y répondre : Non, nous ne sommes pas pressés.
Cet état d’Australie dans lequel nous venons d’arriver « Western Australia », est grand comme cinq fois la France.
C’est beau, c’est facile, c’est accueillant. Alors, pourquoi ne pas prendre le temps de le découvrir ?
Après quelques jours de réflexion et de demande de devis, la décision est prise.
Nous sortirons FIDJI de l’eau ici à Albany, fin avril. Nous nous envolerons pour la France début mai et reviendrons ici en novembre, pour profiter de l’été prochain !
On se réjouit déjà d’ailleurs ! Nous sommes heureux !
Bises à tous !
Finalement, la conduite à gauche, on s’y fait !
À la barre de l’Amity !
Réflexion sur la valeur travail
À la pêche !
À la plage en voiture
À Ben Dearg Beach