Au premier coup d’œil, le nombre de cordages qui montent le long du mât ou courent sur le pont d’un voilier paraît souvent impressionnant pour le néophyte. Et bien évidemment, connaitre ces différents cordages et leurs fonctions, savoir les utiliser, est une des compétences de base à bord.
Car vous vous en doutez, ils ont tous une utilité.
Pour y voir plus clair, il nous faut trier ces cordages par fonction, on constate alors qu’ils ne sont pas si nombreux qu’il y parait au premier abord, et qu’en fait tout ça est finalement simple et logique.
Avec de la pratique, vous apprendrez rapidement à les connaitre et à les utiliser.
Les cordages à bord d'un voilier triés par fonction
1. Hisser les voiles | Les drisses
Une drisse sert à « envoyer les voiles », on utilise les termes « hisser » (la voile monte) et « affaler » (la voile descend).
Les drisses longent donc le mât. Elles montent à l’extérieur, redescendent à l’intérieur et ressortent par des « lumières » (des trous dans le mât). Si le voilier est doté, comme c’est le cas de FIDJI, d’un mât, d’une grand-voile et d’une ou de plusieurs voiles d’avant, il comptera forcément :
- Une drisse de grand-voile
- Plus une drisse par voile d’avant, généralement un génois et un spi, mais aussi en option, une trinquette, un foc ou tout autre type de voile d’avant…
Les drisses ne montent pas forcément jusqu’en haut du mât, mais elles passent toujours par une espèce de roulette : un réa.
Vous voyez ci-dessous une photo prise depuis le dessus du mât. J’ai dû démonter la pièce que vous voyez au premier plan pour accéder aux deux réas de tête de mat. Celui de tribord avec le cordage rouge est utilisé pour la drisse de grand-voile. Celui de bâbord, vide sur la photo, est utilisé pour la balancine de bôme dont je vous parle plus bas dans cet article.
On note au passage sur cette photo qu’un petit cordage blanc, utilisé comme « messager » pour passer un nouveau cordage, a décidé de se glisser là où il n’a rien à faire, sur le flanc du réa. Le frottement généré gênait évidemment la rotation du réa, et c’est pour cette raison que j’ai dû monter en tête de mât pour remettre tout ça en ordre.
Il faut donc retenir au passage que si une drisse est dure et qu’une voile a du mal à monter, la première chose à vérifier, c’est l’état des réas. Et que forcer sur une drisse qui coince n’est vraiment pas une bonne idée !
2. Border les voiles | Les écoutes
Une fois les voiles hissées ou déroulées, elles auront naturellement tendance à partir dans le vent, comme le ferait un drapeau.
Les écoutes vont nous permettre de les amener vers le centre longitudinal du voilier et donc, de les gonfler.
Tirer sur une écoute, c’est border. On borde une écoute, ou une voile.
Pour exprimer l’inverse, on utilise le terme choquer. Je « choque la voile », signifie que je relâche l’écoute, la voile s’écarte alors de l’axe longitudinal du voilier.
Pour border une voile, on utilise généralement des winchs et des palans.
3. Régler les espars | Hâle-bas et balancines
Sur l’image ci-dessous, vous voyez deux espars, la bôme et le tangon. On constate qu’ils sont à l’horizontale. Ils auront donc naturellement tendance à tomber si on ne les retient pas, ou s’il n’y a pas de voile à poste.
Pour les retenir, on utilise des « balancines ». La balancine de bôme suit le même chemin que la drisse de grand-voile, elle vient dans le réa vide que j’évoquai dans le paragraphe plus haut.
Lorsque la voile est « affalée », rangée dans son sac, c’est la balancine qui tient la bôme. Par contre, lorsque les voiles sont hissées et utilisées, on « mollit » généralement la balancine pour pouvoir agir sur la voile (la tendre vers le bas par exemple).
La balancine de tangon de son côté est vers l’avant du voilier, elle ne monte généralement pas en tête de mât, mais elle suit néanmoins elle aussi le même chemin qu’une drisse.
Les hale-bas de leur côté sont moins sollicités, puisqu’ils ont la fonction opposée : empêcher les espars de monter. On notera sur l’image ci-dessus qu’une écoute ou un bras joue un rôle similaire au hâle-bas. En effet, une écoute ramène certes les voiles vers l’axe longitudinal du bateau, mais elles les amènent aussi vers le bas. Lorsque les voiles sont bordées, le hale-bas est donc inutile.
Il devient utile et sollicité lorsque les voiles sont choquées par contre, comme c’est le cas sur la photo ci-dessus, on notera que les deux hale-bas sont bien tendus.
4. Réduire et augmenter la voilure - Bosses de ris et bosses d'enrouleur
Les « bosses de ris » et « bosses d’enrouleur » sont les cordages utilisés :
- pour augmenter-réduire la voile à l’aide des ris
- Pour enrouler ou dérouler une voile
Concernant les bosses de ris, le rôle est de contraindre la partie basse d’une voile afin qu’elle ne puisse être hissée jusqu’en haut. La surface est alors réduite et le voilier moins puissant. On réduit la surface de voile d’autant plus que le vent est fort.
Au niveau de l’enrouleur, la bosse est relâchée pour que la voile puisse se dérouler, (on tire sur les écoutes). On procède de façon inverse, (choquer les écoutes et reprendre la bosse) pour enrouler la voile.
Ci-dessous, la bosse d’enrouleur, en jaune, enroulée autour du tambour de l’enrouleur (parce que la voile est ici déroulée).
5. Amarrer le bateau | Les aussières
Une aussière est particulière dans le sens où elle doit amortir les chocs et les à-coups parfois très violents que peut subir un bateau lorsqu’il est amarré.
Ces cordages doivent être élastiques pour que la charge soit répartie et ne soit pas transmise aux taquets.
=> On n’amarre pas son bateau avec une drisse ou une écoute, qui, au contraire des aussières, sont conçues avec le minimum d’élasticité possible !
6. Autres cordages et accastillage
À bord d’un voilier, on utilise aussi trois termes génériques :
- Les « bouts » (prononcés « boute ») => Tous les cordages sont des bouts !
- Les « cordages » (ils sont ici également tous représentés)
- Les « garcettes » (pour les cordages très fins)
Beaucoup le savent, on ne parle pas de « cordes » sur un bateau, pourquoi ? En fait la « corde » existe à bord des voiliers, mais elle a deux fonctions bien particulières, on trouve :
- Celle de la cloche, permettant de la faire sonner
- Celle qu’à l’origine, on vous passait autour du cou pour vous pendre !
Cet article ne traite pas des divers accastillages utilisés à bord, il serait bien trop long. Mais je peux déjà vous dire que pour manipuler tous les cordages évoqués, subissant des charges parfois très importantes, nous trouverons divers outils indispensables :
- Palans avec taquets coinceurs
- Winchs avec ou sans « self-tailing », avec leur manivelle et leurs deux ou trois vitesses
- Cames « coinçeuses » en sortie de bôme ou sur le pont
- Taquets et bloqueurs coinceurs du piano
- Avale-tout et rails d’écoute
- Réas de renvoi, poulies à plat pont
- Etc…
Un mot au sujet des nœuds
Il faut maîtriser au moins 4 nœuds :
- Le nœud de chaise
- Le nœud de cabestan
- Le nœud de 8
- Le nœud de taquet.
Ils ont tous une fonction bien précise et ne peuvent se substituer l’un à l’autre, ils sont complémentaires et indispensables. Le rôle d’un nœud n’est pas seulement de tenir, mais aussi d’être facile à défaire !
Retrouvez les dans cet article au sujet des nœuds : Quatre nœuds marins essentiels
À bientôt !
Patrick Belliot