Oui c’est un chantier, mais c’est important, il faut le faire ! Changer ses vannes et ses passe-coques, ce n’est pas très compliqué au final. Et même si ce n’est pas donné, cela me paraît hasardeux de faire longtemps l’impasse là-dessus. En tout cas le faire soi-même est à la portée de tout bricoleur un peu expérimenté.
Tous les combien faut-il les changer ? Tout dépend du matériel installé, mais je dirais idéalement tous les 6 à 8 ans, 10 ans maximum si elles ne montrent pas de signe de faiblesse avant. (À ce propos, il faut savoir qu’une vanne se manipule régulièrement, pour éviter qu’elle ne se coince).
Cela c’est la théorie, mais dans la pratique, beaucoup de navires ont du matériel bien plus ancien, et nous en faisions parti. En effet, pour procéder au changement des passe-coques il est indispensable de sortir le voilier de l’eau, ce qui n’est pas possible dans le nord de la Nouvelle Calédonie où nous sommes basés depuis 2016…
Mais aujourd’hui c’est fait, nous nous sommes rendus à Nouméa, avons passé deux semaines au sec, et sommes revenus avec (entre autre) toutes nos vannes et nos passe-coques neufs, et même avec un nouveau passe-coque pour évacuer l’eau d’une nouvelle pompe de douche/cale.
Faire un bilan du matériel à changer
Avant toute chose, il m’a fallu faire un bilan qui s’est finalement présenté sous la forme d’un simple tableau réalisé sous Word. Après moultes réflexion et mesures, il m’a permis d’y voir plus clair et de passer correctement ma commande sur internet. Car comment connaitre la taille de ses vannes quand on n’y connait rien ? Et c’est quoi encore ces histoires de mesures en pouce ?
Et bien oui, pour ce matériel comme pour les roues de bagnole, on parle en pouce, ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça.
Prendre les mesures
Ce travail de mesure est à réaliser avant de passer la moindre commande et avant de sortir le voilier de l’eau. En effet, depuis Grenade où nous avons dû attendre deux semaines au chantier une pièce à changer sur notre ancienne hélice (voir l’article sur l’hélice Kiwiprop) , je me méfie ! Hors de question de passer trop de temps au sec, de rester coincé à cause d’un passe coque, d’une vanne ou d’un embout manquant ! Il suffit qu’une pièce soit d’une dimension un peu exotique pour nous bloquer au chantier. Pour que l’on soit obligé de passer plein de coups de téléphone et d’emails, voire de tourner dans toute la ville et ses bouchons à la recherche de cette fameuse pièce pour au final constater qu’aucun magasin ne l’a en stock et qu’il va falloir la commander et …attendre… Quand on est dans les îles depuis longtemps, on connait très bien cette musique.
Alors on ne prend pas de risque, on mesure, on remesure et et on re-re-mesure… On s’applique pour ne passer qu’une seule commande en temps et en heure, parce que chaque colis livré coûte 25 Euros hors taxes.
Pour ce faire, il faut un bon pied à coulisse, une bonne lampe frontale, un miroir, et un téléphone pas trop grand pour pouvoir se glisser dans les recoins inaccessibles et réaliser ce type de cliché.
Une fois les bons passe-coques et les bonnes vannes identifiés, pensez aux filetages et aux différents embouts (qui peuvent être droits, coudés à 90° ou à 120°), et aux tuyaux qui suivent derrière et qui doivent s’adapter à la fois au nouvel embout mais aussi à la suite du circuit.
Choisir ses vannes et ses passe-coques
Pour nous, qui naviguons beaucoup et qui vivons à bord, quand on cherche du matériel, on cherche toujours le matériel top qualité, si possible au meilleur prix.
Alors j’ai fait ma petite enquête comme d’habitude et j’ai essayé de comparer les avantages et les inconvénients des différents matériaux possibles pour les vannes et les passe-coques : Le bronze, le laiton, et le « plastique » renforcé de fibre de verre.
On peut exclure d’autres solutions utilisées à terre, comme le PVC et le matos en alliages douteux qui rouillera à grande vitesse. C’est quand même sérieux les histoires de vannes et de passe-coques, il n’est pas question de jouer avec ça.
En tout cas, suite à la lecture des nombreux avis enthousiastes que j’ai pu trouver sur la toile, je me suis tourné vers du matériel fabriqué en Nouvelle Zélande, les vannes Trudesign.
En fait, je n’ai pas trouvé d’avis négatif, cela semble vraiment top.
Les vidéos sur ces produits que l’on trouve en ligne, ainsi que l’homologation « Bureau Veritas » sont évidemment des arguments qui portent. Cliquez ici si vous voulez voir une vanne Trudesign sur Amazon.
Mais dans le but de me faire ma propre idée sur ces produits, j’ai décidé de remplacer le passe-coque, la vanne et le coude d’arrivée d’eau de mer pour le refroidissement du moteur par du matériel également de top qualité, mais en bronze cette fois. On en reparle dans quelques années…Au premier abord, le bronze BEAUCOUP plus lourd, a vraiment l’air plus costaud. Mais les tests ont montré que les vannes Trudesign tenaient également la route, alors bon, nous verrons.
De surcroît, je suis toujours partant pour alléger le bateau quand c’est possible…
Dernière chose avant de faire votre choix, pensez à vérifier l’encombrement et la place nécessaire à la manœuvre de la poignée de chacune de ces vannes.
Enlever les anciens passe-coques
On m’avait dit qu’il suffisait de couper la collerette à l’extérieur avec la meuleuse, puis de casser les bords avec un tournevis. Mais que nenni, pour moi cela n’a pas fonctionné. D’abord, en procédant de la sorte on risque d’aller un peu trop loin dans la coque avec le disque, mais surtout, en ce qui me concerne même en procédant de la sorte, il me fut impossible de replier les bord de la collerette.
J’ai donc décidé de meuler complètement les collerettes jusqu’au ras de la coque, c’est propre, efficace et sans danger à partir du moment où l’on se protège, surtout les yeux.
Une fois la collerette meulée, le passe-coque sort assez facilement en tirant dessus depuis l’intérieur. Pour tirer dessus il convient idéalement, ce qui fait gagner du temps de laisser sur le passe-coque l’ancienne vanne ainsi que l’embout qui suit, c’est plus pratique pour l’agripper. La meuleuse ayant chauffé le vieux « Sika » (la vieille colle noire que vous voyez sur la photo ci-dessus), celle-ci est toute molle et cela nous arrange justement pour tirer dessus.
Pour finir, nettoyage complet, on finit l’extérieur à la meuleuse, dans le trou au Dremel et avant de poser la nouvelle colle, passage à l’acétone.
Pose des nouveaux passe-coques
Pour coller les nouveaux passe-coques, nous avons utilisé le Sikaflex 221i
C’est une opération qui me semble délicate à réaliser tout seul, sauf si on est équipé d’un outil conçu pour cela par Trudesign, qui permet de tenir le passe coque depuis l’intérieur du bateau. En tout cas nous étions deux. Alors la principale difficulté consiste à visser un peu la bague qui tient le passe-coque à l’intérieur, mais pas trop pour ne pas faire partir toute la colle.
Tout de suite après, (avant que la colle ne soit sèche), il faut visser la vanne jusqu’à sa butée sur le passe coque et tourner doucement celui-ci pour que la poignée de la vanne soit dans la direction souhaitée et qu’elle puisse être aisément manœuvrée.
Les soucis que nous avons rencontrés
Évidemment, le plan ne s’est pas complètement déroulé sans accroc. Le passe-coque qui nous a le plus ennuyé c’est celui de l’arrivée d’eau de mer du refroidissement du moteur. En effet, depuis que nous avions acheté FIDJI, je me demandais comment diable j’allais pouvoir changer une vanne et un coude installé aussi près du support du moteur.
Une vanne impossible à dévisser, et le coude n’en parlons pas.
Alors là, vous vous dîtes sûrement : Pas grave, tu meules par l’extérieur, comme pour les autres passes-coques, et hop, tu le vires !
Mais oui d’accord, mais comment tu visses le nouveau coude et la nouvelle vanne ?
Vous vous en doutez, j’ai pas mal réfléchi. Puis j’ai naturellement décidé de changer d’endroit pour cette aspiration d’eau de mer.
Pour ce faire, il allait falloir reboucher ce trou correctement. Cette occasion de faire de la résine et de faire les choses bien, m’a encouragé à aller un poil plus loin dans le chantier. J’ai alors aussi enlever le vieux loch que nous n’utilisons plus depuis des lustres, donc un deuxième trou à reboucher. Et pour finir, j’ai adapté un ancien passe coque, situé sous le moteur, à la nouvelle crépine, en le bouchant, puis en le perçant à la bonne taille, 40mm.
Cela faisait 3 trous dans la coque à reboucher, ce qui me donnera l’occasion de vous raconter, dans un autre article comment on a fait ça.
En tout cas, le nouveau passe coque est suivi d’un coude, puis d’une vanne, puis d’un embout. Comme vous le voyez sur la photo, ce n’est pas un embout en bronze mais un embout Trudesign, parce que malgré toutes mes précautions, j’ai quand même commis une petite erreur dans ma commande !
L’embout en bronze était trop gros pour le tuyau qui suivait. Heureusement les magasins à proximité (on remercie ++ Speed Marine et Marine Corail d’exister dans ces moments là) avaient cet embout, sinon on restait planté là !
Éviter les fuites aux coudes et aux embouts
Ce que je peux aussi vous raconter, c’est ce qui se passe lorsque l’on visse le coude sur ce passe-coque particulier. En effet, à l’extérieur ce n’est pas une collerette ronde mais une crépine d’aspiration qui doit être installée dans le bon sens. Si vous ne savez pas ce que c’est, je vous ai trouvé une photo de notre ancienne crépine, celle que j’ai découpée. Cette crépine sert à filtrer les gros morceaux (il y a un autre filtre plus loin) qui n’ont pas vocation à être aspirer dans ce circuit qui sert à refroidir le moteur.
En tout cas, quand on visse le coude sur ce passe coque, on veut qu’une fois en butée, il parte dans la bonne direction. Sauf que bien sur, ce n’est pas le cas. C’est pourquoi je l’ai collé, toujours avec le même Sika.
D’une manière générale, il est précisé dans les modes d’emploi qu’il suffit de mettre du téflon. Mais une fois remis à l’eau, nous avons constaté deux micro-fuites au niveau des coudes que je n’avais pas collé au Sika.
J’ai dû fermer les vannes, re-démonter les toilettes, et coller le coude qui fuyait.
À noter qu’une micro-fuite, c’est relatif. Si elle est vraiment « micro », du genre une ou deux éponge par jour, elle va se boucher toute seule. En effet, l’eau de mer, avec ses sels et particules, finira par reboucher ça. C’est ce qui s’est passé sous l’évier de notre cuisine.
Mais une micro fuite, ça peut être un peu plus gros, du genre un ou deux verres par jour. C’est ce que nous avions au niveau des toilettes, et que j’ai décidé de gérer au Sika.
Alors ce que je retiens de cette aventure, c’est que si un embout ou une vanne est à plus d’un quart de tour de la butée pour partir dans la bonne direction, je pense qu’il ne faut pas trop se poser de question, et mettre un peu de Sika pour bloquer ça dans le bon sens. Sans exagérer, au cas où on voudrait démonter un jour.
Mais au final, une vanne et son embout ne sont pas le genre de chose que l’on démonte tous les jours, et s’il faut les changer, changer le passe-coque qui va avec n’est vraiment pas une histoire. Économiser un passe-coque ne vaut pas le coup, surtout que la colle n’est pas éternelle, au bout de 10 ans, il vaut mieux tout changer.
Patrick Belliot
Mata’i Nautisme