À l’origine de notre grand voyage en voilier, il y a mon rêve d’adolescent.

Aujourd’hui, ce rêve s’est réalisé !

Et la réalité a surpassé ce que j’avais imaginé.

En introduction à nos carnets de voyage, je vous propose un retour aux origines de mes rêves de grande croisière…

A donf Tobago Cays

Ma première croisière ? Un stage de voile en hiver !

Nous entrons dans le port de plaisance de Concarneau, le vent se calme et la mer s’aplatit. Dès que nous sommes amarrés sur le ponton, les vestes de quart tombent. Franchement, je suis ravi. Ravi de la navigation dans cet océan bien formé et ce vent musclé, et ravi d’arriver au port.

Nous sommes en plein stage de voile avec l’UCPA Croisière, six mecs bien rigolards et barbus à bord d’un voilier de moins de 10 mètres, un GibSea 302 nommé FOGO. On fait chauffer le cassoulet, c’est la fête.

Nous sommes en hiver, entre 1997 et 1998, j’ai 20 ans et bien que je sois déjà moniteur fédéral de voile, c’est ma première véritable expérience en croiseur habitable puisque mes compétences se limitent alors à la voile légère (catamaran, dériveur, planche à voile, etc…).

De plus, mon expérience de la mer se réduit, jusqu’à ce mémorable stage, à La baie de La Baule que je sillonne à fond la caisse dans tous les sens et sur tous les supports de voile légère depuis l’âge de 8 ans. Mais le tour du monde en voilier était déjà pas mal ancré dans mon esprit.

D'abord il y a eu...Les Cités d'Or !

En fait j’y pensais depuis longtemps à naviguer sur de plus grands voiliers et à sortir de la baie de La Baule. J’y pensais même depuis tout jeune puisque les voyages d’Esteban dans le dessin animé « Les Mystérieuses Cités d’Or » me donnaient déjà des idées de voyages, de rencontres, d’aventures, de nature, de ne pas faire comme tout le monde, d’avoir une vie trépidante et intéressante.

Je ne résiste pas à l’envie de vous mettre le générique ci-dessous !

Et puis...Mes lectures !

Par la suite, mes diverses lectures ont ajouté des couches à mes convictions. « Le Bonheur sur la Mer » et « Latitudes Vagabondes », furent pour moi les plus mémorables, parmi d’autres.

Ces livres relatant les rêves réalisés, racontés par tels ou tels aventuriers aux longs cours, m’ont toujours poussé à y croire malgré le manque d’enthousiasme et d’encouragement que mes projets de voyages en voilier suscitaient parfois autour de moi.

Le bonheur sur la mer
Latitudes vagabondes

Premières années en tant que moniteur de voile croisière

C’est donc l’UCPA Croisière qui m’a permis de découvrir le monde de la voile habitable. Aller de port en port sur la côte me paraissait tout à fait génial à l’époque, cela me donnait des perspectives. Je rêvais déjà de cocotiers. Et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré des gens qui avaient  beaucoup d’expérience, je buvais leurs paroles.

Petit à petit mon rêve s’est profondément installé. Fin des années 90, dans ma tête je suis déjà au mouillage dans les atolls reculés du Pacifique et j’y fais de la planche à voile bien sûr.

J’ai suivi mes études d’économie et de commerce international jusqu’au DESS, le Master 2 d’aujourd’hui. Mais je me revois encore raconter à tout le monde que j’allais bientôt mettre les voiles pour le Pacifique. Je passais parfois pour un illuminé parmi ceux qui pensaient déjà à leur carrière et même parfois…à leur retraite.

Stage de voile UCPA
Stage de voile UCPA
Stage de voile UCPA
Stage de voile UCPA

Rendez-vous avec une éclipse en Polynésie

En plus j’avais rendez-vous avec une éclipse totale de soleil, le 11 Juillet 2010 en Polynésie, et ça tout le monde le savait autour de moi, je le claironnais haut et fort dans tous les sens depuis l’éclipse de 1999 qui avait eu lieu en Europe : « La prochaine c’est en 2010 en Polynésie, qu’on se le dise, en tout cas moi j’y serai ».

Et toc. J’y étais.

Cette date était comme un phare pour moi

Éclipse totale de soleil Polynésie

Ma rencontre avec Isabelle

Évidemment (même si têtu comme je suis je l’aurai fais quand même), je n’avais pas envie de partir seul et je cherchais une compagne pour partager ce rêve. Comme dans mes livres. Et je l’ai trouvé. En 2005 à La Rochelle, je rencontre Isabelle.
Je lui raconte tout bien sûr, et lui parle de mon rendez-vous en Polynésie.

Entre temps, comme j’ai beaucoup navigué et me suis bien formé, (diplômes et encadrement de multiples stages un peu partout, y compris aux Antilles) elle est en confiance et ça l’intéresse.

Début 2006, je suis embauché par une école de voile en Vendée et deviens responsable de deux voiliers dont un chouette Sun Fast 42, SYRACUSE. C’est l’occasion rêvée de faire découvrir la voile à Isabelle. Elle est curieuse et a envie de voyager, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Nous vivons cette année là et la suivante quelques belles croisières entre la Bretagne sud et La Rochelle, seuls ou avec mes autres stagiaires.

Isabelle apprend la voile

Elle décide de venir avec moi !

À La Rochelle, Isabelle est entre autre hôtesse d’accueil de sa propre maison d’hôte et dispose de grandes compétences en animation avec tout type de public. Elle a trois enfants qui sont déjà grands, notre projet doit nous permettre de retrouver nos proches plusieurs mois par an.

Nous établissons donc un calendrier selon lequel nous partons ensemble aux Antilles à l’hiver 2007-2008,  Isabelle durant 10  semaines et moi 4 mois . Il faut travailler dur pour finir de remplir la tirelire qu’il va bien falloir casser !

En effet, nous prévoyons l’achat d’un voilier d’une valeur d’environ 50000 Euros. Il faut savoir que j’économise un max depuis mes premières saisons de moniteur…pour ce grand moment, acheter mon voilier !

Voici le plan tel qu'il était prévu

  • Printemps-été 2007 : Isabelle passe le CIN (certificat d’initiation nautique) pour que nous puissions travailler ensemble comme skipper et hôtesse sur de gros catamarans de charter. Dans le même temps, elle forme une nouvelle animatrice afin de la remplacer dans ces activités professionnelles à La Rochelle
  • Hiver 2007 – 2008 : premier séjour ensemble aux Antilles. Isabelle me rejoint pour 10 semaines de travail et de test avant de prendre de plus importantes décisions
  • Printemps-été 2008 : Retour en France, achat et préparation du voilier. Départ pour le Portugal ou les Canaries
  • Automne 2008 : Isabelle rentre en avion voir sa famille et suivre ses affaires
  • Hiver 2008-2009 : Traversée de l’Atlantique et 2ème saison ensemble aux Antilles
  • Printemps 2009 : Retour en France ensemble en visite familiale
  • Eté 2009 : Cap sur le Venezuela pour quitter les Antilles qui entrent en saison cyclonique en Juillet
  • Automne-Hiver 2009 – 2010 : Colombie – San Blas – Panama (nouveau retour en France pour Isa )– Costa Rica
  • Printemps 2010 : Traversée du Pacifique – Arrivée aux Marquises
  • Juillet 2010 : Eclipse totale de soleil aux Tuamotu
  • Août-Septembre 2010 : Arrivée à Tahiti
  • Et après ? On verra, on va déjà voir si on est capable de faire tout ça !

Franchement, il n'est pas beau ce programme ?

Quand je rédige ces lignes, fin 2016, cela me fait tout drôle. Vous vous en doutez, tout ne s’est pas passé exactement comme prévu. Mais nous avons persisté dans nos choix. Nous avons douté, mais nous y sommes allés quand même.

Au mouillage en Guadeloupe
Travailler sur un catamaran

Nous y sommes allés malgré tout pourrait-on dire. Car nos racines sont parfois très accrochées.

C’est dur de ne pas être encouragé par certains proches qui ne veulent pas nous voir partir, qui ne voient pas l’intérêt de voyager et de découvrir d’autres horizons.

Oui cela peut être dur de partir.

En tout cas ce séjour aux Antilles en 2007-2008 est un test pour nous et mon projet devient progressivement le nôtre. Isabelle ne connaît pas les tropiques, elle découvre un nouveau monde et s’émerveille carrément de toutes ces nouveautés qu’elle n’avait même pas imaginées.

Découvrir pour la première fois les tropiques, s’envoler de Paris en plein mois de décembre pour atterrir en Martinique est une expérience inoubliable, surtout la première fois. Cette chaleur dès l’ouverture des portes, ce décalage horaire, ces pluies tropicales, ces mini-grenouilles nocturnes, cette mer chaude et limpide, ce rhum, ces fleurs, ces oiseaux, ces tortues, tous ces paysages nouveaux, cette lumière différente. Evidemment que tout cela lui plait !

Nous faisons aussi de supers rencontres, en particulier des couples qui vivent à bord de voiliers et qui nous donnent envie d’en faire autant. Certains sont de grands voyageurs, comme Polo et Laurence qui, à bord de Cuzco ont déjà deux tours du monde à leur actif.

Voyager et continuer à travailler, c'est possible

Comme prévu nous travaillons sur les catamarans. Beaucoup de navigations, beaucoup de clients, un travail exigeant et très fatigant à cause des nuits blanches passées en mer, des sollicitations permanentes, des problèmes techniques et du manque de confort de nos cabines.

Tous les jours, de 6 heures à 23 heures, nous sommes à fond, Isabelle est en cuisine, nous sommes 14 à bord.

Un rythme de dingue.

Mais à travers toute cette “frénésie” elle contemple, admire, s’émerveille sur tout ce qui anime son nouveau paysage. Elle va à la rencontre des habitants de ces lieux paradisiaques, aime les écouter raconter leur quotidien. Elle goûte aux mets locaux, compose des bouquets somptueux, profite des moments de répit pour nager au dessus des jardins de corail…

Elle est déjà dans le voyage, convaincue !

Et nous savons dorénavant que nous sommes une équipe de choc, malgré le rythme, les emmerdes et la fatigue, jamais nous ne nous sommes pris la tête.

En plus nous avons développé une grande complicité. Après ce genre d’expérience, on peut dire que nous nous connaissons déjà très bien, et c’était le but, savoir si nous voulions vraiment vivre cette grande aventure ensemble ! Car nous avions compris grâce à nos expériences antérieures qu’il ne suffit pas de tomber amoureux pour savoir si on est avec le ou la bonne personne.

Le test est concluant, nous allons partir ensemble !

Voilà donc en résumé comment tout a commencé, comment nous en sommes arrivés à partir ensemble en grande croisière à bord de notre voilier FIDJI.

Je remercie en particulier ma femme bien aimée sans qui je n’aurais pas fait ce voyage dans de si bonnes conditions ! Peut-être même que je n’y serais pas arrivé sans elle ! Merci aux « Cités d’or », aux auteurs, à Antoine et ses vidéos, à l’UCPA Croisière et aux moniteurs de cette époque, aux blogs, aux assos de passionnés et à tous les marins voyageurs qui m’ont poussé à y croire.  Je ne peux les nommer tous, mais c’est aussi grâce à eux si aujourd’hui nous avons réussi à vivre un rêve d’évasion.

Dès notre départ nous avons commencé à écrire

Je me suis alors progressivement découvert une affection pour l’écriture.

Et récemment nous avons décidé d’améliorer nos récits pour vous raconter ce voyage ! Et c’est aussi une manière de promouvoir la suite que nous voulons donner à tout cela avec notre projet Mata’i Nautisme. Une école de voile mais aussi un blog ! Aucun risque de s’ennuyer avec tout ce qu’il y a à faire, à montrer, à écrire et à dire !

Une affaire à suivre si vous aimez les voyages hors du commun, la voile, la nature, la mer !

Patrick Belliot

Pat et Isa en Guadeloupe

Pour lire l’article suivant :
1.2 L’aventure commence