Une nouvelle arme de destruction massive de nos océans vient d’être inaugurée à Concarneau. Une arme protégée par la police bien sûr, parce que pas mal de gens ne sont pas d’accord avec ce projet, qui voit naître le plus grand chalutier français.

Il s’agit d’un navire de pêche géant tout neuf, de 81 mètres de long et 18 de large. La coque a été construite en Pologne, le reste en Norvège. Il appartient à une société multinationale hollandaise, et bat pavillon…français. Il est immatriculé à Concarneau, armé par « France Pélagique », filiale du groupe néerlandais Cornelis Vrolijk.

Sa zone de pêche s’étend de l’ouest de l’Ecosse au golfe de Gascogne. L’idée est de débarquer le poisson aux Pays-Bas, pour ensuite le vendre….je vous le donne en mille….en Afrique ! (Source journal Sud-Ouest).

Le navire Scrombus

Crédit photo – Ouest France et BLOOM

Inauguration ou funérailles ?

Du coup, il a été inauguré, à la suite de sa première marée, ce 25 septembre dans le port de Concarneau, dans le Finistère. Cette « fête » fait figure de provocation pour les pêcheurs artisans français de toute la côte Atlantique. À cette occasion, ils ont organisé, sous l’impulsion d’associations dont BLOOM et PLEINE MER, « les funérailles de la pêche artisanale ».

En effet, 85% de la flotte de navires français est composé de navires de moins de 12 mètres. Le Scombrus de son côté, est un navire usine. On parle d’usine dans le sens où le poisson est traité (trié, congelé, emballé, étiqueté) directement à bord. Nous avons là deux mondes et deux conceptions radicalement différentes de la pêche. Sauf que l’un des deux mondes a le potentiel d’écraser l’autre. Et il ne se gêne pas. Avec la bénédiction des autorités françaises, bien entendu, toujours aussi fausses et hypocrites dès qu’il s’agit de libéralisme, de protectionnisme et d’écologie.

La colère des pêcheurs locaux n’a pas droit de citer, leur avis de professionnels, tout le monde s’en fout en haut lieux. Pas besoin d’être un aigle pour comprendre que ces décisions et ce laisser-faire sont hautement politiques.

Nouvelle arme de destruction massive de nos océans

Il est capable de pêcher 200 tonnes de poissons par jour, (toujours selon sud-ouest), quand un navire de pêche classique pêche quelques tonnes de poissons PAR AN.

Pourquoi le Scrombus (qui signifie « Maquereau » en latin) est-il une arme de destruction massive ? Pour deux raisons. D’abord, évidemment, parce qu’il pêche des harengs, sardines, merlans bleus, chinchards, maquereaux à coup de centaines de tonnes, par bancs entiers. Mais aussi, bien sûr, parce que ces petits poissons sont la base de l’alimentation d’autres espèces de poissons, comme de nombreux mammifères marins.

Pêcher et « vider les stocks » de cette façon, apporte quelques certitudes :

  • La destruction de la pêche artisanale côtière française
  • L’éradication des espèces à qui on ne laisse aucune chance de se reconstituer

Les défenseurs de ce projet ont beau nous chanter que le Scrombus pêche loin des côtes, que ses prises n’intéressent pas le marché occidental (et pour cause), et que sa pêche n’impactera pas la pêche côtière…

Cette musique ressemble fort à un air de pipeau déjà entendu mille fois.

Le coup de la réglementation et des contrôles

Autre chose mise en avant par les promoteurs de ce super projet : Les prises accessoires (dauphins et autres grands pélagiques) de ce navire, « super moderne », sont sensées être limitée de 1 à 2 %.

C’est à dire, en considérant que le navire pêche jusqu’à 200 tonnes par jour… cela fait 2 à 4 tonnes de prises accessoires PAR JOUR. Mais QUI peut trouver ça acceptable ?

Sans oublier que ce navire battant pavillon français, ses quotas sont inclus dans les quotas français attribués par l’Europe. Les autres pêcheurs n’ont qu’à se partager le reste du quota, même si aucune criée ni aucun restaurant français ne verra le moindre poisson pêché par le Scombrus.

C’est pourquoi ceux-ci dénoncent un « accaparement des quotas ».

Quand aux contrôles et au respect de la « règlementation », on voit mal comment les autorités françaises vont pouvoir contrôler quoique ce soit dans la mesure où le Scrombus ne passera sûrement pas le bout de son étrave dans un port français avant longtemps.

Le poisson sera débarqué aux Pays-Bas, dont on connait très bien l’intérêt pour la pêche durable quand on les voit défendre la fameuse pêche électrique.

Le coup de l'Europe et de la mondialisation

Alors on va nous dire, comme d’habitude, que c’est la mondialisation, que c’est comme ça, qu’on n’y peut rien. Mais ce discours n’a plus aucune légitimité, car de plus en plus de personnes comprennent que la mise en place, le soutien et la promotion de ce genre de système est un choix politique.

Choix qu’on tente de faire passer pour « naturel ». Mais c’est un mensonge qui tue des pans entiers de nos économies locales et nationales. Son principal objet est de favoriser toujours les mêmes agents économiques. Ceux qui sont financièrement capables, à grand coups de subventions, de dettes et de corruption, de placer les bonnes personnes aux bons endroits. Et à grands coups de marketing, d’influencer les opinions avec des campagnes publicitaires mensongères et absurdes.

En tout cas, ça sent les petits arrangements et la corruption à plein nez, et je reste persuadé que les français dans leur immense majorité sont opposés à ce qu’un navire français (ou autre) se permette de défoncer le stock de petits poissons de l’Atlantique à coup de pêche de 200 tonnes par jour !

Mais on ne leur demande pas leur avis bien sûr.

200 tonnes par jour, mais pourquoi faire ?

Qu’en 2020, nos décideurs et soi-disant « élites » n’aient toujours pas compris que ce genre de projet tuent nos océans est vraiment affligeant.

Quand on leur explique qu’il y aura bientôt plus de plastique que de poissons dans les océans, il se passe quoi dans leur cerveau ? Du déni ? Du « menfoutisme » ? Le pire c’est quand d’un côté ils condamnent ces états de fait et que de l’autre ils souscrivent, soutiennent et protègent des projets comme celui du Scrombus.

C’est de l’ordre du mensonge, du pathologique, de la maladie mentale.

Ils nous mènent dans le mur, et avec ce nouveau navire qui est dorénavant, toujours d’après le journal Sud-Ouest, « le plus grand chalutier français », ils accélèrent.

Tout ça pour vendre des milliers de tonnes de petits poissons en Afrique, où la ressource de poisson a subi une énorme pression de pêche européenne. Une pression telle qu’elle a vidé les stocks, mis les pêcheurs locaux sur la paille, et développé des usines d’élevage. C’est là que les petits poissons SAUVAGES, justement, sont transformés en farine pour nourrir…Les poissons d’ÉLEVAGE !

Ce n’est pas dingue ça ? À ce sujet, voir cet article de Rfi.

Question pour champion du monde

Pour finir, une question pour champion du monde : Quand on a pêché les gros poissons sauvages, puis les moyens, puis, les petits…Il reste QUOI à la fin ?

Mais tous les crétins qui soutiennent et mettent en place ces systèmes savent déjà quoi répondre à leurs détracteurs, ainsi qu’aux jeunes qui s’inquiètent légitimement au sujet des 10 – 20 – 30 ou 40 ans qui ne manqueront pas d’arriver : « On n’y peut rien, c’est la mondialisation ».

C’est se foutre de la gueule du monde, tout simplement ! Ils ne connaissent même pas le sens du mot « ASSUMER », ils n’assumeront jamais, c’est toujours la faute des autres.

Pour en savoir plus

De Sud-Ouest à Médiapart, en passant par Ouest-France, de nombreux articles ont déjà été écrits au sujet du Scrombus. JJ Bourdin, dans son émission, a même interrogé notre ministre sur ce qu’elle pensait de ce navire. Car c’est une évidence qu’en France ce type de sujet nous touche dorénavant.

En effet, nous sommes de plus en plus nombreux à saisir les immenses enjeux que la protection de nos océans représente pour notre avenir et celui de nos jeunes…Je vous partage donc ici trois sources arbitrairement sélectionnées :

Si ce message vous parle et que ces choses là vous indignent vous aussi, merci de faire passer le message, car il reste encore beaucoup d’yeux à ouvrir… 

Patrick Belliot

Surpèche