Depuis le temps que nous vivons sous les tropiques nous avons suivi les trajectoires des tempêtes tropicales via les sites météo dédiés. Suivant la pression atmosphérique en son centre et la puissance des vents quelles génèrent, elles finissent par être nommées et s’appeler « cyclone ». Et souvent, elles suivent une route plus ou moins lentement et finissent leur vie dans des eaux plus froides que celles où elles sont nées. Ce qui correspond, ici en Nouvelle Calédonie, à une trajectoire allant plus ou moins du nord vers le sud.
Mais le sud n’a pas trop tenté Oma
Oma, qui signifie Grand-Mère en allemand, a donc débuté sa vie vers les Vanuatu puis tranquillement dans un train de sénateur comme l’aurait exprimé Jean de La Fontaine, a poursuivi sa route en passant par le nord de la Calédonie.
En effet, elle a passé 4 à 5 jours à stationner au même endroit avant d’entamer une lente descente vers la Nouvelle Calédonie, à 15 km/h en moyenne. Elle est prévue de se renforcer en chemin, elle est nommée cyclone OMA.
Son passage sur la Nouvelle Calédonie et en particulier sur Koumac nous a bien secoué et nous avons passé une nuit blanche de mardi à mercredi 19 -20 février et à peine une meilleure nuit de mercredi à jeudi. … Mais tout s’est bien passé dans la marina et rien n’est à déplorer ce qui est déjà un soulagement.
Oma devait ensuite rejoindre l’Australie et se dissiper
Vendredi, soulagé de son départ, nous réarmons Fidji afin de partir pour un stage de 3 jours. Il faut admettre que les différents modèles de prévisions semblent incertains. Du coup, une rumeur circule dans Koumac : OMA n’en a pas fini avec la Nouvelle Calédonie, elle va revenir !
Certains nous font remarquer que le nombre anormal de frégates dans le ciel est « mauvais signe » ! Il faut dire que c’est frappant, les frégates sont rares en temps normal, alors que là un groupe d’une trentaine d’entre elles tournoient au dessus de la marina et de la pointe de Pandop…
Terre à terre, connectés en permanence, nous partons tout de même naviguer, surveillant OMA de près. Ces 3 jours de navigation se déroulent dans un lagon différent pour nous. Le vent vient du nord, les rivières charrient de l’eau boueuse dans leurs baies. Eau boueuse qui se répand sur plusieurs miles dans le lagon. De très nombreuses chutes d’eau dévalent le relief. Les îlots n’ont pas été épargnés par les rafales de vent salé et les arbres et buissons sont en souffrances. On retrouve du corail cassé sur les plages et le sable est remonté à l’intérieur des îlots. Et puis, il y a de la houle dans le lagon, 2 mètres de houle ! Ça aussi c’est nouveau pour nous !
Nous parvenons cela dit à naviguer dans de bonnes conditions, et le mouillage que nous prenons au nord de la baie de Nehoue est très confortable ! Et TRÈS BEAU !
Dimanche, 3 jours plus tard
Mais ces 3 jours, c’était juste le temps de répit que nous offrait la Grand-mère OMA. Car, tout en perdant de sa puissance, elle décide effectivement de revenir nous voir ! L’Australie ne la tentait pas, la revoilà dans l’autre sens ! Pas cool !
Nombre de calédoniens sont surpris ! C’est assez fou qu’à l’aller, elle prenne 5 jours pour arriver, et qu’au retour elle se décide comme ça plus ou moins au dernier moment. Cette fois, elle prend bien soin d’arroser et de souffler plus fort sur le sud de la Grande Terre sans oublier l’île des Pins et naturellement en remontant la côte ouest. Les rafales à Nouméa, dans la nuit du 25 au 26 février atteignent 62 nœuds vers minuit !
Résultat, comme souvent lorsque le vent tourne en baie de l’Orphelinat, plusieurs voiliers se décrochent et finissent dans les cailloux.
(Crédit pour ces trois photos : Gendarmerie NC)
Certes, OMA n’est plus un cyclone mais les alizés lui offrent encore pas mal de vigueur. Dorénavant, on l’appelle Ex-Oma…
Coucou la re-voilà !
Lundi 25, à la marina de Koumac, on se prépare donc à nouveau à recevoir des rafales de 40 à 50 nœuds. On ré-amarre Fidji, on remet l’annexe à l’eau pour limiter la prise au vent…Et on passe à nouveau une nuit blanche et ça souffle, et ça souffle…
La pluie est moins violente sur ce deuxième passage. À l’aller, le vent du nord était chaud et apportait beaucoup de pluie, alors que cette fois, avec le vent passant au sud puis sud-est, nous notons une baisse notoire des températures, l’eau du ciel est froide ! Brrr !
Le vent peut souffler toute la journée, c’est pénible, ça fait rouler le voilier dans la marina, c’est bruyant mais c’est beaucoup moins angoissant que la nuit même si ça souffle avec la même intensité. La nuit, bien que la lune ait tout donné pour nous éclairer un tant soit peu, le vent semble plus bruyant, les rafales plus fortes, la pluie plus drue. Notre imagination est exacerbée et on attend le matin avec impatience.
Et le soleil revient
Maintenant nous attendons le retour du calme et dès que le vent s’éloigne enfin c’est comme si tout d’un coup le silence devenait à lui seul un concert bénéfique ! Concert de silence en la ou en si mineur, peu importe ! Le silence après la tempête c’est trop bon !!!!