Lorsque l’on parle de l’allure d’un voilier, la plupart des gens pensent à sa vitesse. Mais en fait si on vous demande « quelle est ton allure ? » ce n’est pas pour connaître votre vitesse ni savoir si vous êtes à 5 ou 6 nœuds.

Mais pourquoi cette confusion entre allure et vitesse ? Et qu’est-ce qu’une allure d’abord ? Et l’amure ?

  • L’allure, c’est l’angle entre l’axe du navire et l’axe du vent
  • L’amure exprime de quel côté le navire reçoit le vent, il est « bâbord amure » ou « tribord amure »

Exemple : Le vent vient du Nord, mon voilier fait route vers l’Ouest.

  • Il fait donc route à 90° du vent, c’est mon allure, appelée dans ce cas « Vent de travers »
  • Comme il reçoit le vent du côté droit (tribord), le voilier est « tribord amure »

Mon voilier est donc « Vent de travers, tribord amure » .

(Notez au passage que le terme « amure » est également utilisé pour nommer le point de fixation, en bas et en avant, d’une voile. On parle alors de « l’amure » ou du « point d’amure »).

Changer de direction, lofer et abattre

Dans cet exemple, si je tourne et que je vais vers le Nord-Ouest, je remonte vers le vent. Je change donc d’allure. À 45° du vent, je suis « au près » :

Cette action de se rapprocher de l’axe du vent s’appelle « lofer ».

À l’inverse, si je tourne dans l’autre sens et que je vais vers le Sud-Ouest, je me retrouve avec le vent dans le dos. On appelle cela « les allures portantes » et on dit du voilier qu’il est « au portant » et à 135° du vent, nous sommes « au largue » :

Cette action de s’éloigner de l’axe du vent s’appelle « abattre ».

Allure et amure voilier

Un dessin explicatif susceptible de rappeler quelques souvenirs à certains

Cet angle par rapport au vent à une influence directe sur la vitesse du navire.

Il est aisé de comprendre qu’un navire quel qu’il soit, y compris un navire à moteur, ira bien plus vite au largue qu’au près. En effet dans un cas il est poussé par le vent, et dans l’autre il essaye de le remonter.

On comprend donc bien ici le rapport entre « allure » et « vitesse ».

Réglages de voile - influence des allures

En fonction de l’allure, il  faut régler ses voiles correctement, sous peine de se traîner comme une limace et/ou de déséquilibrer le voilier. Elles sont ouvertes (« choquées ») au portant et fermées (« bordées ») au près.

L’allure a une influence sur l’ensemble du fonctionnement du voilier, en particulier sur sa vitesse, sa gîte et la sensation de vent. En effet, le vent apparent, résultante du vent réel et du vent vitesse, (il faut que je vous fasse un article à ce sujet) est plus fort lorsque l’on remonte au vent.

Mais l’allure influence aussi :

  • la direction prise par les embruns qui frappent la coque : Au près, ils se dirigent droit sur l’équipage dans le cockpit
  • le réglage des voiles, différent à chaque allure
  • la stabilité car le roulis est beaucoup plus important au portant qu’au près
  • et le type de voile. Aux allures portantes, on utilise des grandes voiles creuses, comme le spinnaker, alors qu’au près nous utilisons de plus petites voiles « plates » comme le foc, le solent ou la trinquette.
Notre voilier au près
Notre voilier au portant
Les photos ci-dessus ont été prises à bord de FIDJI au près et au portant, on y voit bien la différence entre les allures.

Les allures sont donc un élément essentiel de toutes navigations ! Il en va de même pour tous types d’embarcations, même sans voile !

Avoir un vent de force 5 Beaufort ne pose pas de problème à une embarcation qui se fait « porter » par celui-ci et le descend tranquillement. En revanche, remonter ce même vent de force 5 et le clapot qui l’accompagne, sera une toute autre paire de manche et souvent bien plus sportif, humide, long et compliqué !

Petite sortie en mer en famille

Lorsque l’on sort en mer,  par exemple pour emmener sa petite famille passer la journée sur un îlot – comme beaucoup de monde le fait en Nouvelle Calédonie – en quittant le port au matin, il faut se poser la question du retour.

Quelles seront la force et la direction du vent tout à l’heure.

Il se peut que la fameuse destination se trouve carrément sous le vent du port au moment du retour. Si en plus le vent forcit, ce qui est normal et fréquent avec les « brises thermiques », le retour peut être très désagréable voire même dangereux. La petite famille vient de passer une journée de rêve sur un îlot paradisiaque, mais le retour est parfois si brutal qu’au final plus personne n’a envie de ressortir en mer.

Le chef de bord doit prévenir à l’avance son équipage que le vent sera plus fort au retour. Déjà, tout le monde sait à quoi s’en tenir, cela permet de rester calme. De plus, le chef de bord passera plus pour un « marin averti » s’il a anticipé et prévenu…

Dans le doute (si par exemple vous ne savez pas ce qu’est une brise thermique), je vous encourage à vous former, à suivre un stage dans une école de voile 😉 !

En conclusion, les allures et amures d'un voilier

  • à 0° du vent, « face au vent »
  • à 180° du vent, « vent arrière »
  • à 45° du vent, « au près »
  • à 90° du vent, « vent de travers »
  • à 135° du vent, « au largue »
  • Et l’amure est le côté du bateau qui reçoit le vent en premier, le côté opposé à la bôme.

Quelques exemples avec le vent venant de différents secteurs

  • Nord : un bateau qui va vers l’Ouest est vent de travers tribord amure
  • Est : un bateau qui va vers le Sud-Est est au près bâbord amure
  • Sud : un bateau qui va vers le Nord est vent arrière, tribord amure si sa bôme est à bâbord, (bâbord amure si sa bôme est à tribord)
  • Sud-est : un bateau qui va vers le Nord est au largue tribord amure

Notions importantes liées à ce topo

  • Virer de bord : C’est changer d’amure par le face au vent
  • Empanner : C’est changer d’amure par le vent arrière
  • Lofer : C’est réduire l’angle bateau/vent
  • Abattre : C’est augmenter l’angle bateau/vent
  • Si je fais route à moins de 90° du vent : je remonte au vent
  • Si je fais route à plus de 90° du vent : je suis au portant

En espérant que ce petit topo vous a plu, à bientôt les loups de mer !

Patrick Belliot

Mata’i Nautisme