Nous sommes en mars 2009 et à l’occasion du passage en Guadeloupe d’un bon copain, comme nous avions un moment de répit avant de repartir en charter, nous décidons de lever l’ancre et de quitter la Martinique vers le nord pour un petit aller – retour vers l’île Papillon, autrement appelée Karukera par les indiens Caraïbes.
En Martinique et en Guadeloupe, on lutte contre la vie chère !
Au moment où nous levons l’ancre et quittons la baie du Marin, la Martinique est en prise avec ses revendications dument justifiées contre la vie chère.
Nous ne sommes pas insensibles depuis le début de notre voyage et particulièrement lors des escales sur les îles, aux problèmes liés à la colonisation, et à la gestion des services publics que l’on peut sans exagérer qualifiée de désastreuse sur de nombreux aspects.
Les habitants se sentent délaissés. Aucun département Français n’accepterait de voir une telle différence de traitement par rapport aux autres.
Cela mériterait un long chapitre car nous avions déjà ressenti de la tension de la part des autochtones des Canaries qui se voient amputés de leur terre et de leurs accès à la côte par la construction d’hôtels de luxe géants et de marinas privées.
Pour le moment les martiniquais manifestent à juste titre pour de meilleurs salaires et des produits de première nécessité à des prix raisonnables. Tout le monde est près à payer un peu plus les produits importés, distance oblige, mais pas le double et encore moins le triple ou plus, comme c’est souvent le cas.
Les « békés », contrôlant les importations et tous les circuits de distribution n’y sont pas pour rien. L’empire colonial a des relents de mafia insupportable.
Il faut voir à ce sujet le documentaire Les derniers maîtres de la Martinique, très intéressant !
Qui sont les Békés ?
Le terme « Béké », également employé comme adjectif, désigne aux Antilles Françaises un habitant créole avec une peau de couleur blanche, descendant des premiers colons européens en Martinique et en Guadeloupe.
Les Békés constituent un peu moins 1% de la population martiniquaise, soit 3 000 personnes environ. Ce terme est généralement associé à la puissance économique dont ce groupe est dépositaire. En Guadeloupe, pour désigner les créoles blancs, on parle plutôt de « blancs pays ».
Cap vers le nord !
Nous levons l’ancre, hissons la grand-voile et déroulons le génois, direction la Guadeloupe, le plus possible à la voile avec la ligne de pèche !
En effet, les grèves nous ont privés de carburant et de ravitaillement !
Heureusement, il nous restait suffisamment de nourriture à bord pour remplir nos estomacs durant trois semaines, car nous ne pêcherons qu’une seule dorade coryphène sur le chemin du retour !
Nous doublons la côte ouest de la Martinique, traversons « le canal », puis longeons la Dominique où nous passons la nuit au mouillage (sans faire la douane), avant de regagner les Saintes au sud de la Guadeloupe.
Les Saintes
Les îles des Saintes sont un petit archipel d’îles, rattaché au département de la Guadeloupe, tout comme Marie Galante et la Désirade.
Il est composé de deux îles principales ’’Terre de Haut’’ et ‘’Terre de Bas’’. Nous allons nous promener sur Terre de Haut. Petit approvisionnement possible ici et on y trouve même du fromage à raclette ! Carrément !
Coucher de soleil sur Les Saintes
Nous retrouvons nos copains comme prévu ! Thomas et Audrey nous rejoignent à bord pour dîner. Ils passent la nuit à bord et le lendemain nous allons pique-niquer à la plage de Pompierre.
La baignade est vraiment agréable, nous croisons beaucoup d’iguanes, de poules, de chèvres et quelques vaches. L’île est bien entretenue, la nature est là aussi généreuse, les oiseaux variés et nombreux. C’est très joli… sauf sur le côté sud de la colline où sont déversées les ordures pour y être brulées…
Gestion des déchets aux Saintes
Découvrir cette colline à déchets nous gâche la visite. Il serait vraiment temps d’arrêter le suremballage et de limiter au maximum les déchets. C’est d’ailleurs un problème que l’on retrouve sur toutes les îles des Caraïbes. Rien n’est fait pour traiter efficacement les déchets, ils trainent le plus souvent dans les fossés, sous les buissons, etc. Il est tout à fait lamentable de constater que dans des îles aussi touristiques, infiniment plus aisées que leurs voisines indépendantes, la seule idée qui soit venue aux autorités locales concernant les déchets soit de les mettre en tas (ou de les déverser sur une magnifique colline comme c’est le cas ici) et d’y mettre le feu.
Il y a forcément d’autres solutions comme la consigne, le tri, la taxation intelligente des produits, l’interdiction des suremballages, des sacs plastiques, etc… Pour nous, la première démarche simple et efficace, c’est la consigne !!! D’autant qu’il apparaît évident que les 3/4 des déchets que nous observons dans la nature sont des bouteilles !
Et si les portes conteneurs sont capables de livrer sur les îles tous les produits suremballés, ils sont aussi capables de ramener les déchets dans l’autre sens, là où il existe des solutions pour recycler !
La Guadeloupe
Comme nous l’avons dit plus haut, l’île ressemble à un papillon. Ses deux plus grandes îles, qui forment ses ailes, sont séparées par la Rivière Salée, un bras de mer. Ce sont « Grande Terre », à l’est et « Basse Terre », à l’ouest.
L’île vallonnée de Grande Terre possède de longues plages et des champs essentiellement de canne à sucre.
Sur l’île de Basse-Terre, le parc national de la Guadeloupe abrite les chutes du Carbet et l’impressionnant volcan de la Soufrière.
Les îles habitées de plus petite taille qui forment l’ensemble de l’archipel sont donc Les Saintes, Marie-Galante, et la Désirade. Il existe également quelques ilots inhabités, parfois très beaux, comme ceux de Petite Terre.
Venant des Saintes, nous jetons l’ancre au nord de l’ilet Gosier, au sud de Grande Terre. Il s’agit d’une toute petite île à 300m du rivage. Là, de nombreux nageurs très matinaux partent de la plage dès 6h pour rejoindre cette petite île. Malgré cette émulation, nous allons sur « l’îlet » avec l’annexe, beaucoup moins sportif.
Il faut commencer tôt sa journée si l’on veut bien en profiter car la nuit tombe vite. En cette saison c’est à 18h20.
Dès le lendemain matin, nous regagnons la Marina de Bas du Fort, à Pointe à Pitre, pour faire les pleins : gasoil, essence, eau ! Ça, c’est fait, pour le moment il n’y a pas encore de blocage par ici, on en profite !
Rendez-vous avec Sandra en Guadeloupe
Nous avons connu Sandra à La Rochelle, elle a vécu quelques mois à « L’Auberge Espagnole », le surnom que l’on donnait à la maison d’Isabelle. Elle était là lorsque nous nous sommes rencontrés fin 2005, et elle était sincèrement heureuse pour nous !
Amarrés dans le port en attendant notre jolie Guadeloupéenne, nous travaillons sur la Grand-Voile que nous avons étalée à terre, sur un super podium en teck. Le travail sur cette voile consiste essentiellement à renforcer les points de frottement sur les haubans.
Puis la voilà ! Quelle joie de se retrouver !
Après un tour au marché, nous partageons chez nos hôtes un délicieux repas préparé par Enrique, le fiancé de Sandra, que du bonheur !
Isabelle et Sandra très heureuses de se retrouver !
Sandra nous fait découvrir son île
Le lendemain, Sandra nous offre sa journée. Direction la pointe de la Grande Vigie, à l’extrême Nord de la Guadeloupe.
Sur la route on fait halte à Port Louis ! Superbe ! Belle église, plage magnifique…la mer est déchainée et les vagues se fracassent sur la côte avec beaucoup de force, digne de la Bretagne.
Nous visitons la mangrove attenante où les palétuviers abritent les « mares nurserie ». C’est ici que se reproduisent les poissons de mer, barracuda et autres gros poissons ! D’où l’importance de bien préserver ces espaces, de plus en plus menacés par les diverses constructions et pollutions humaines…
Sandra nous rassure un peu quant aux efforts de la Guadeloupe concernant son environnement. Et elle est bien placée pour en parler puisqu’elle travaille dans l’environnement justement !
Nous pique-niquons à la Grande Vigie ! Le spectacle de la mer agitée ce jour-là est spectaculaire. Les falaises abruptes d’une centaine de mètres de haut surplombent une mer bleu turquoise. La houle effectivement très formée crée des vagues gigantesques qui explosent sur les falaises.
La vue de la pointe de la Grande Vigie, au nord de la Guadeloupe
Avec Enrique et Sandra – Mars 2009
Un peu plus loin on trouve « le lagon de la Porte d’Enfer », une faille d’une cinquantaine de mètres de large laisse rentrer les flots tout d’abord plein de violence qui s’apaisent progressivement dans le lit creusé au fond de cette longue faille.
En s’installant sur la plage, nous voyons l’océan dans toute sa force s’engouffrer dans cette ouverture. Les vagues se brisent les unes après les autres sur les falaises bordant l’entrée, puis l’eau poursuit sa route sur plus de 500 mètres, pour le plus grand plaisir des baigneurs qui se laissent porter par le courant.
C’est comme une rivière sauvage mais dans les deux sens puisque la vague s’en va, puis revient ! La faille est si longue qu’à son extrémité la mer est suffisamment calme pour que les enfants puissent s‘y baigner. C’est juste génial ! La mer est calme et tranquille lorsqu’elle arrive jusqu’à nos pieds.
La configuration de cet endroit est absolument exceptionnelle !
Les habitués viennent ici avec glacières et sorbetières. Et les délicieux sorbets coco sont confectionnés dans une sorbetière artisanale manuelle en bois (!!), typiquement Antillaise. Tout un spectacle pour nous, qui n’avions jamais vu ça, et nous ne sommes pas déçus car c’est trop bon !
La Porte d’Enfer !
Régalade de sorbet Coco !
Promenade le long des falaises
Nous longeons les falaises de l’autre côté de la faille, et restons figés en entendant résonner le bruit de ces tonnes d’eau se fracassant sur la roche. Les embruns nous atteignent et nous éclaboussent, ça donne un peu le vertige, c’est époustouflant !
Plus loin, nous admirons la mer s’engouffrer dans les trois grottes du « Trou Madame Coco ». Les explosions du souffle du « Trou du Souffleur » sont impressionnants, les vagues y recouvrent carrément la falaise !
Nous quittons le site, bluffés par le spectacle illustrant la force de la nature.
Merci Sandra, merci Enrique de nous avoir accompagnés et fait découvrir ces paysages de « Grande Terre » ! Merci pour votre accueil chaleureux !
Les falaises au nord de Grande Terre !
Dans le prochain article, nous reprendrons (très doucement) la route, il nous reste tellement de coins sympas à découvrir, nous mettrons le cap vers Marie Galante, Le François, à l’ouest de Grande Terre, et surtout, notre coin préféré dans la région…Petite Terre !
À bientôt !