Mercredi 23 novembre 2022, nous hissons la grand-voile, larguons la bouée, cap sur l’Australie ! On part vers l’ouest, là où le soleil se couche.

Hier soir nous prenions un dernier verre avec nos amis et cousins (et oui nous avons des cousins sur le Caillou). Nous étions dans une sorte de flou, comme si nous allions nous revoir très vite. Oh Nouvelle Calédonie, nous allons quitter ton lagon, tes baies et abris remarquables. Après ces 9 années passées sur ton sol et sur tes eaux, nous allons te dire au revoir.

Car même si nous ne revenions jamais, tu seras présente dans nos souvenirs avec une force ineffable !

Sommes-nous prêts ?

Voilà des mois que nous nous préparons à ce départ. Nous, mais surtout FIDJI. Nous avons sacrifié de nombreux moments avec nos amis, des balades à terre et des sorties en mer, pour que FIDJI soit fin prêt. Et nous avons investi en plus de tout ce temps pas mal d’argent dans ces préparatifs.

Même le mât a été déposé pour un check-up bien poussé.

Alors, en ce 23 novembre, nous nous levons tôt, partons en annexe saluer encore quelques amis avant qu’ils aillent au travail. Puis nous remplissons les derniers bidons d’eau. Et enfin l’annexe (le dinghy) est hissée sur le pont, posée à l’envers, et bien attachée.

Le grand taud de soleil est plié et rangé. Le repas de midi est prêt et ceux à suivre aussi, mis au frais dans des boîtes ou des bocaux. On aura juste à faire chauffer ; j’ai aussi préparé des œufs durs et nous avons des bananes, ces petites bananes délicieuses et ventrues !

Nous sommes prêts !

9h, nous hissons la grand-voile

Popeye, notre moteur in-board, est lancé, nous quittons la zone de mouillage. La Grand-voile est hissée, puis le génois déroulé.

FIDJI glisse hors de la baie de l’Orphelinat. Nous avons le cœur lourd de quitter cette aventure calédonienne, mais sommes excités par l’aventure qui nous attend. Il ne faut pas croire que ce soit facile de partir, il nous faut du courage, sortir à nouveau de notre zone de confort et accepter de vivre pleinement notre curiosité.

Les premiers milles, au moteur en plus des voiles car le vent n’est pas encore assez établi, nous dévoilent à nouveau toute la beauté du lagon calédonien, ses ilots pleins de charme, ses bleus merveilleux. Ceux et celles qui ont navigué ici savent ce que l’on peut ressentir en jetant l’ancre près du récif ! C’est tellement beau ! On y a créé tant de souvenirs, on y a rencontré tant de vies : poissons multicolores, oiseaux, mammifères marins dont les fameux dugongs et les dauphins, tortues, coquillages, coraux, étoiles de mer, oursins, le fameux tricot rayé, et parmi les gros poissons la reine des raies : la raie Manta, et les requins gris, pointe noire, pointe blanche, citron …

FIDJI glisse vers le large

Vers 11h15, nous nous engageons dans la passe de la Dumbea et sortons du lagon. Nous contactons les secours en mer, le MRCC Nouméa, pour les informer de notre départ vers l’Australie (et vérifier à bonne distance le bon fonctionnement de notre radio et de l’AIS (dont nous reparlons plus bas). Tout fonctionne parfaitement, nous sommes toujours au moteur en plus des voiles. Le vent est doux, il fait beau et chaud, peu à peu la Nouvelle Calédonie s’estompe derrière nous.

Le gréement est vérifié encore une fois, l’ancre ficelée à l’avant. C’est une ancre achetée nouvellement, et elle branle dans le davier si on ne l’attache pas correctement.

Lorsque le moteur tourne, nous confions la barre au pilote électrique, « Maverick » (c’est une manie chez nous de donner des noms à notre matériel).

Nous avançons au près bon plein, cap 225° , bâbord amure, le vent 2 à 3 Beaufort est au SSE.

14h15, on coupe enfin le moteur

Nous filons à 6 nœuds. Le vent forcit progressivement en venant au SE, la mer agitée est croisée, nous sommes alors vent de travers, sur le bon cap. Puis le vent continue de forcir, nous prenons de la gîte, réduisons la GV en prenant un ris, et roulons un peu de génois afin de bien équilibrer FIDJI.

Il nous reste à finir de remonter « Antoine » notre pilote régulateur d’allure, qui s’apprête à prendre le relais de Maverick pour économiser les batteries. En attendant, nous passons plusieurs heures à la barre.

L’ambiance à bord est à la flemme. En effet, nous devons nous amariner car le grand large et ses mouvements de houle désordonnés nous « dévitalisent ». C’est un des effets du mal de mer, et quand la flemme vous prend il faut se ressaisir, mais Patrick est fiévreux. Trop d’émotions ? Coup de froid ? Trop de bisous avant le départ ?

La mer est bien agitée, ce n’est vraiment pas agréable.

Lorsque nous lâchons la barre, Maverick se défend, en attendant qu’Antoine joue son rôle. Car Antoine est un barreur né ! Il ne consomme rien, ni ampère, ni nourriture, il ne râle jamais, n’est jamais fatigué et assure tous les quarts sans jamais se plaindre. Le pilote régulateur d’allure est une invention exceptionnelle, qui nous seconde merveilleusement bien en traversée océanique. Et cette traversée va le prouver encore plus que toutes les autres.

Première nuit en mer

Durant la nuit, nous sommes contraints de rallumer le moteur quelques heures, le vent ayant fait une pause. L’obscurité est totale, seules quelques étoiles montrent le bout de leur nez. C’est là qu’entre en jeu deux autres associés, qui nous permettent de nous reposer.

Il y a tout d’abord l’AIS (Automatic Identification System) qui émet notre position et nous informe de la présence d’autres navires autour de nous (à condition qu’ils soient eux-mêmes pourvu d’un émetteur AIS bien sûr). Il donne l’alarme si nous sommes en route de collision.

Puis il y a le RADAR, « Morpheus 2» (le premier ayant pris sa retraite sur un voilier plus calme). De son côté, il nous permet de visualiser l’environnement, de voir tous les bateaux passant alentours, mais aussi les gros nuages de grain qui pourraient générer de la pluie et du vent fort.

Ce super matériel nous avertit, en début de nuit, de la présence de deux bateaux : un paquebot derrière nous qui génère tant de lumière que l’on croirait voir un morceau de Los Angeles sur l’eau (un monstre australien transportant 4500 passagers !). Et un autre voilier, identifié par l’AIS comme étant « Eye Candy », dont nous avons croisé l’équipage la veille à la douane, en route vers Sydney. Tous les plaisanciers ne sont pas fans de l’AIS, mais de notre côté, nous trouvons cela génial.

En tout cas, la nuit se poursuit sans aucune autre rencontre si ce n’est celle des étoiles. Je reste en veille en attendant que Patrick retrouve toutes ses forces. Tout se passe bien. Nous pouvons compter l’un sur l’autre.

Entre la Nouvelle Calédonie et l'Australie

Entre la Nouvelle Calédonie et l’Australie

Deuxième jour, jeudi 24 novembre

Au petit matin le vent se calme, nous renvoyons toute voile dehors et FIDJI glisse sur cet océan qui devient progressivement moins agité.

Éole a bien repris son souffle durant la nuit et nous propulse à 7.5 nœuds. Nous allons mieux, et sommes parés pour mettre Antoine en service. Ce fût assez fastidieux. Il restait « juste » le volant à installer sur la barre, et nous avions « juste » oublié que ce n’était pas si simple. Surtout avec le roulis !

En tout cas, nous avons réussi à le faire fonctionner, un réel soulagement ! En effet, le pilote électrique, cela va bien pour 24h d’utilisation, mais après, à la voile et surtout si la mer est agitée, ce n’est vraiment pas idéal. Dans une mer agitée, il travaille (et donc consomme) beaucoup pour tenir le cap. Et forcer, ce n’est jamais bon. Ça vieillit plus vite, ça vide nos batteries, et ça fait pas mal de bruit en plus.

Vers 8h, le vent forcit à nouveau et nous réduisons à nouveau la GV.

Nous constatons par la suite que les écrous qui maintiennent le volant d’Antoine sur la barre se desserrent progressivement. Nous les revissons régulièrement, mais cela ne tient pas. Nous finirons par régler le problème au beau milieu de la nuit, vers 3h du matin. Nous les remplaçons par des écrous freins, qu’il faut que l’un d’entre nous tienne avec une pince à tête allongée, pendant que l’autre visse. C’est cool d’être à deux et d’avoir de bons outils.

Cette fois, c’est bon, ça tient !

Troisième jour, vendredi 25 novembre

Le vent a molli et la mer est beaucoup plus douce. On en profite pour faire un peu de ménage. Préparer un peu de cuisine. Le capitaine a retrouvé toute sa force, toute sa forme !

FIDJI file à 5.5nds de moyenne toujours au bon cap !

Nous écoutons beaucoup de musique, nous discutons, nous nous reposons beaucoup, la mer nous endort par son balancement. C’est une journée bien calme.

Vers 15h00 Eole tombe à nouveau. Popeye et Maverick prennent le relai. Voiles plus moteur, on maintient une vitesse de 5 nds. C’est que la route est longue et la météo ne sera pas éternellement belle. Alors il ne faut pas traîner.

La nuit, bien qu’entrecoupée de manœuvres, nous permet de vraiment bien nous reposer, même si nous avons dû laisser tourner le moteur.

Quatrième jour, samedi 26 novembre

Coucher de soleil au large

Encore un coucher de soleil exceptionnel en mer !

La nuit la voute céleste est merveilleuse. Des myriades d’étoiles scintillent, les constellations nous racontent des histoires. Le plancton luminescent qui se révèle autour de FIDJI n’est pas en reste pour nous parler de toute cette vie qui nous entoure. C’est si beau !!!

2h00 Nous constatons une bascule de vent et nous sommes maintenant face au vent. M**** , du vent d’ouest !! Le génois est enroulé, et pour le moment la GV ne claque pas. Elle soutient le moteur.

Puis vers 7h00 on affale carrément la Grand-Voile, la houle engendrant trop de roulis et le vent de face étant de plus en plus faible, elle n’est plus gonflée et claque en se balançant d’un côté sur l’autre avec le roulis. Nous sommes au centre de l’anticyclone, et lorsque le vent reviendra, il le sera à l’opposé, logique.

Prévision pour lundi 28

Prévision pour lundi 28

En attendant, c’est une journée idéale pour faire le plein d’eau ! Eh oui, les temps changent, cette fois nous sommes équipés d’un dessalinisateur !

De marque Rainman, il produit 140 litres à l’heure, ce qui est carrément génial. Pour le faire fonctionner, nous utilisons deux petits groupes électrogènes couplés entre eux. Eux ils s’appellent « Lorel » et « Hardi », même s’ils sont parfaitement identiques.

Vu que nous avons également de l’eau chaude et qu’à ce moment-là les conditions le permettent (il faut quand même se cramponner), on ne se prive pas, et pour la première fois en traversée océanique, alors que d’habitude les restrictions d’eau sont de mise, nous prenons cette fois chacun une bonne douche bien chaude ! Franchement, c’est le pied ! Au point que nous renouvellerons l’expérience le lendemain matin !

Une petite lessive de sous-vêtements sèche dans le vent, tranquillement .

On remarque quelque chose d’inattendu sur l’eau : un courant d’une petite dizaine de mètres de large sur une très longue distance, recouvert de déchets blancs ??? Nous avions remarqué quelques déchets éparpillés les milles précédents, mais là c’est carrément un courant qui les transporte ?? Peut-être rejoindront-ils la Nouvelle Calédonie où bien seront repoussés sur les côtes nord-est d’Australie ??

À 9h30, un peu de vent nous permet de renvoyer les voiles en soutient au moteur pour maintenir une moyenne de plus de 5 nœuds. Nous voilà comme prévu tribord amure, le vent est passé à l’ouest avec un peu de nord, à l’WNW, une bascule de près de 180° par rapport à la veille.

Vers 14h00 il y a enfin assez de vent pour couper le moteur ! Voilà 23h que Popeye nous permet d’avancer et de ne pas trop bouchonner au milieu de l’océan, mais quel bonheur quand on peut enfin s’en passer et repartir à la voile !

Nous naviguons au près, FIDJI gite et le confort à bord redevient précaire. Mais on avance dans le bon sens, le cap est maintenu ! Antoine reprend du service.

Contre le vent, notre vitesse n’est pas folichonne, elle se stabilise autour des 4.5nds… ce qui va rallonger notre temps de navigation…

La communication à bord

Afin de prendre la météo et rassurer nos familles et amis sur la progression de la traversée, nous avons un téléphone satellite à bord. C’est un IRIDIUM, modèle 9555. Ce n’est pas bon marché, mais être capable de communiquer et de recevoir des bulletins météo au milieu de nulle part : c’est GÉNIAL !

Cela dit, le faire fonctionner demande pas mal de patience ! Et Pat est obligé de le tenir dehors bien haut pour que les fichiers partent et arrivent en entier sans être coupés en cours de route.

Cinquième jour, dimanche 27 novembre

Un de nos GPS, le nouvel Axiom de Raymarine, (c’est aussi lui qui sert à afficher l’image du RADAR) nous fait comprendre que la gite de ce côté-là ne lui convient pas. Car en gîtant assez fort tribord amure et alors qu’il est installé sur la table à carte, il se retrouve au niveau de la mer, visiblement trop bas : Il perd le contact avec les satellites. Alors il sonne par intermittence, un coup ça va, un coup ça ne va plus. C’est lourd.

Nous sommes donc contraints de le démonter, et de repasser les câbles pour le fixer plus haut, directement sous le pont. Il faut démonter quelques éléments et percer un nouveau trou pour un câble, un petit chantier quand même alors que nous sommes de nouveau dans une mer bien agitée et que le temps se couvre. Mais on s’en sort.

Nous sommes de nouveau obligés de faire pas mal de moteur (on a rarement fait autant de moteur dans une traversée).

Sixième jour, lundi 28 novembre

Dans la nuit de dimanche à lundi, nous sommes encore bien secoués. Tellement qu’on a mal au dos, avec des douleurs aux nerfs sciatiques au point de prendre des anti-inflammatoires.

Le vent forcit vraiment et il rend la mer carrément « forte ». Elle est croisée et très désagréable. C’est à se demander si nous sommes sur la même route, il faisait si beau avant le coucher du soleil…Avons-nous changé d’océan ?

En pleine nuit, nous prenons 2 ris, le génois est bien réduit lui aussi, nous filons à 7nds de moyenne.

À tout hasard on allume la radio FM et nous constatons, alors que nous sommes encore à environ 200 MN (360 km) de la côte que nous captons la radio Australienne !! Premier contact avec la terre, c’est bon ça ! Notre antenne neuve est vraiment au top.

Il fait beau, et Pat fait cette petite vidéo souvenir, peu avant que le vent forcisse encore et que nous soyons obligés d’enlever le taud de soleil et de prendre le troisième ris…

Lire la vidéo sur Entre la Nouvelle Calédonie et l'Australie

Par la suite, le vent forcit donc encore, de plus en plus. C’est tout ou rien !

Certaines vagues finissent par submerger le pont et remplir le cockpit. L’annexe bien que très bien fixée finit par bouger et l’ancre aussi, à force de se prendre des coups. Comme si les vagues s’amusaient à desserrer les nœuds. Pat doit se déplacer à l’avant avec son gilet et sa longe pour s’attacher et refixer tout ça, tout en se faisant copieusement arroser.

Nous avançons toujours plus vite 7nds, 8nds, 9nds. Nous prenons le 3ème ris peu avant la nuit, la GV choquée au max, nous restons entre 8 et 10 nœuds, c’est la surprise. Le vent souffle 7 à 8 Beaufort, avec de puissantes rafales, bien plus que prévu.

Antoine assure comme un chef ! Il encaisse tous les désagréments, coups de gîte et autres départ au lof, et tient bon le cap, tandis que nous sommes calés dans les coussins pour amortir les chocs. FIDJI tape dans les vagues, lui qui est d’un naturel si doux. On a l’impression de décoller, puis c’est l’amerrissage violent avec un grand « splatch », comme celui de la baleine quand elle fait sa pirouette hors de l’eau…

Il faut se tenir fermement pour se déplacer, et pas question de cuisiner.

Le voilier étant régulièrement recouvert par les vagues, l’une d’entre elle parvient à se glisser sous le capot du roof et tombe en cascade dans la descente. D’autres vagues frappent la coque et génèrent des grands « PAN », comme nous n’en avions pas encore connu à bord de FIDJI. Les vagues arrivent aussi, et c’est une première, à passer sous les dorades (aérateurs de pont). Il faut bien reconnaître que nous sommes stressés, et constater que le vent continue de forcir alors qu’on s’attend à l’inverse (ce qui était prévu), n’arrange rien.

Le bruit généré par tout ce vent, cette mer et le bateau augmente l’état d’angoisse, et pour me détendre j’enfonce des bouchons dans mes oreilles, c’est fou comme c’est mieux quand les sons sont atténués !

L’ancre tient mal

Et cette ancre qui se remet à bouger, de nouveau… Les vagues n’arrêtent pas de lui taper dessus, alors forcément les nœuds qui la tienne se détendent et les cordages, grignotés sur les angles vifs de l’ancre, sont presque sectionnés. Pat repart donc à l’avant pour la refixer, et moi, je fais de l’huile en le regardant faire. Il se tient, il est prudent, mais la fatigue me prend trop de force et la peur monte. Dans ce genre de moment, on se demande ce qui nous prend de nous mettre dans de telles situations.

Pat, en revenant, ne manque pas de me rappeler à quel point c’est génial d’avoir enfin un projecteur de pont qui fonctionne ! Il y voit comme en plein jour quand il va à l’avant.

Septième jour, mardi 29 novembre

Dernière ligne droite, nous devrions arriver dans moins de 24 heures. FIDJI cavale sur l’eau comme un cheval qui aurait pris le mors aux dents, nous essuyons des rafales de 40 à 50 nœuds.

Heureusement, Antoine barre comme un chef, au près bon plein. Pat vérifie régulièrement ses axes et ses visses, tout va bien, il est génial. Le pilote électrique n’aurait pas pu gérer ça, c’est sûr, et s’il avait fallu barrer dans ces conditions, surtout la nuit, cela aurait été très compliqué.

Nous sommes tout de même épuisés, endoloris. Pat tient bon, on se soutient, on s’aime toujours autant et on décompte les heures avant l’arrivée. La journée se passe. On ne parle pas beaucoup. On serre les dents et les fesses. On croise les doigts pour que FIDJI et tout le matériel tiennent le coup ! Là encore Pat contrôle régulièrement le gréement, les divers points de fixation et le vit de mulet (fixation de la bôme sur le mât) en particulier.

Les heures défilent trop doucement…. Heureusement on a la musique ! Et c’est bon. Pas moyen de manger, on grignote. Les petites bananes passent bien. Les fruits secs aussi. On s’ouvre une brique de soupe et nous la buvons froide.

On fait toujours des pointes entre 9 et 10nds, ce qui est vraiment rare pour FIDJI, surtout avec 3 ris dans les voiles et chargé comme il est.

Alors que la nuit est tombée, le téléphone, dorénavant doté d’une carte SIM australienne (merci Édouard et Michelle) se met à fonctionner à environ 20 MN de la côte !

L’AIS et Morpheus nous indiquent quelques bateaux autour de nous, dont deux routes de collision avec d’énormes cargos. Dans ces conditions, de nuit, nous bénissons ce super matériel !

Et puis ça y est, on voit enfin les lumières de la côte.

Mercredi 30 novembre

L’alignement d’entrée dans Coffs Harbour est très clair, deux feux bleus bien puissants, nous y entrons sans la moindre difficulté vers 3h00 du matin (il faut dire que Pat avait bien étudié l’arrivée au préalable). Nous jetons l’ancre à l’abri des vagues, tout se calme à bord ! C’est trop bon !

On a le courage de se doucher, avant de nous écrouler sur le lit ! C’est fini ! On est ARRIVÉ !

Quelques jours de repos, et nous serons prêts à découvrir ce nouveau monde.

Conclusion

Nous voilà amarrés à la marina de Coffs Harbour. Plus un mouvement à bord ! Cette traversée nous a secoué comme aucune autre ! Cela nous a permis de confirmer que FIDJI était un excellent voilier, qu’Antoine nous était indispensable en traversée, que le temps passé à bricoler en valait la peine, que le matériel que nous avons acheté, ajouté ou changé, était utile, et que nous sommes une super équipe qui dans les moments difficiles ne s’engueule pas, mais se soutient.

Dès 10h00, les fonctionnaires de l’«Australian Border Force » ont fait l’administratif et leur inspection à bord. Nos visas étant près depuis début septembre, et dans la mesure où nous nous étions annoncés avant de partir, tout s’est bien passé.

Sont partis à l’incinération : les pommes de terre (pas eu le cœur de les cuisiner), un reste de crème fraîche, le maïs à popcorn, les abricots secs (?) (mais pas les pruneaux (??))… Nous avons dû manger en urgence, devant les douaniers, notre salade de tomate et œufs durs prévu pour midi, et fini une brique de lait.

Coup de la plaisanterie : 350 dollars australien (226 euros), réglés à l’aide d’une autorisation de prélèvement sur une de nos cartes de crédit.

Mais on a bien compris que ces douaniers ne faisaient pas cela de gaité de cœur. Ils étaient surtout professionnels, rapides, et en fin de compte sympas !

Nous prenons place en C12 à la marina jusqu’à… ce qu’on aille ailleurs. Nous sommes bien ici pour l’instant. Sur un catway se prélassent des cormorans blancs et noirs qui ressemblent de loin à des petits pingouins… nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec cette faune et cette flore que nous allons découvrir.

Mettre les pieds à terre et fouler le sol après 7 jours de mer au combien épuisants, c’est tout simplement EXTRAORDINAIRE !!!

Durant cette traversée, je n’ai pas pu lire, et Pat n’a pas pu jouer de guitare, allumer l’ordinateur, ni même boire la moindre bière ! Même si nous avons eu de beaux moments, en particulier avec les étoiles et les couchers de soleil au milieu du trajet, nous avons surtout attendu que ça passe, et ne sommes pas pressés de recommencer…

Nous sommes épuisés, courbaturés, mais tellement heureux d’être arrivés !

À nous l’Australie !

Isa et Pat

Bien arrivés à Coffs Harbour

Bien arrivés à Coffs Harbour

Nos repas durant la traversée

Nos repas durant la traversée !